La Villa Giulia se réveille

Les collections d’art étrusque profitent de la manne du Jubilé

Le Journal des Arts

Le 12 mai 2000 - 515 mots

Les monuments et les musées romains continuent de recueillir la manne du Jubilé. Après des années de léthargie et d’indifférence, la Villa Giulia peut désormais présenter l’ensemble des collections étrusques qu’elle abrite, avant de s’étendre vers la Villa Poniatowski voisine.

ROME (de notre correspondant) - Depuis cinquante ans, le plus bel ensemble d’art étrusque au monde, installé dans une magnifique villa de la Renaissance, est resté le plus souvent inaccessible au public. Conservée au même endroit, la collection d’un bijoutier qui, dans les années soixante, était une référence tant dans le domaine de la mode que pour ses connaissances techniques et archéologiques, a connu un sort similaire. Apathie ministérielle, bureaucratie amorphe et manque d’argent ont concouru à ce trop long sommeil de la Villa Giulia. Il a fallu la célébration du Jubilé et les millions de visiteurs attendus à Rome cette année pour forcer le gouvernement à agir. Partout dans la ville, des musées ont été rouverts. Les collections étrusques, qui seront exposées dans trois lieux différents, ont reçu une dotation de 23 milliards de lires (près de 78 millions de francs), dont la majorité bénéficiera à la Villa Giulia. Située dans la Villa Borghèse, l’un des rares jardins publics de Rome, elle a été construite en 1550-1555 pour le pape Jules III par Vignole, Vasari et Ammannati, avec l’aide de Michel-Ange. Au XVIIe siècle, les hôtes du Vatican, notamment la reine Christine de Suède, y étaient logés. À partir de 1889, le Musée national étrusque y a présenté des antiquités préromaines découvertes dans le Latium et en Ombrie. Aujourd’hui, les pièces étrusques les plus spectaculaires découvertes au cours des fouilles officielles sont déposées à la Villa Giulia.

Le musée abrite également les six mille objets amassés au XIXe siècle par Augusto Castellani, orfèvre de réputation mondiale, fasciné par la granulation et le filigrane des artisans étrusques. Satisfaisant le goût de l’époque pour l’archéologie et la virtuosité technique, il parvint à les reproduire dans de somptueux bijoux. Sa collection se compose essentiellement d’antiquités, avec des céramiques, des bronzes, des pièces d’orfèvrerie en or et en argent, mais elle s’étend également aux époques lombarde et gothique et comprend évidemment certaines de ses propres créations dans le style étrusque. Il y a au moins dix ans qu’elle n’a pas été montrée au public. C’est par ailleurs la première fois que la collection Pesciotti, acquise par le gouvernement en 1970 et immédiatement placée en réserve, sera présentée.

Trois nouvelles sections du musée sont consacrées aux inscriptions étrusques, à l’histoire des collections du musée et à celle de la villa elle-même. Rénové, le Nymphaeum, sorte de villa d’été dans les jardins intérieurs, est désormais accessible. Deux escaliers mènent de la loggia au premier niveau, avec des fontaines ornées de statues symbolisant le Tibre et l’Arno. Le niveau inférieur est décoré de quatre caryatides en marbre et d’un relief au plafond représentant la miraculeuse découverte de l’Acqua Virgine par les troupes romaines mourant de soif. Située à proximité, la Villa Poniatowski, bâtiment de la fin du XIXe siècle en cours de restauration, accueillera une autre partie de la collection étrusque.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : La Villa Giulia se réveille

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