La vague nordique

Six nouvelles salles de peinture ouvrent au Louvre

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 31 août 2001 - 580 mots

Accessibles au public depuis cet été, six nouvelles salles du Musée du Louvre accueillent cent quarante toiles des écoles germanique, flamande, hollandaise, belge, russe et scandinave du XVIIIe à la première moitié du XIXe siècle, sorties des réserves ou récemment acquises. Conçues par l’architecte Ieoh Ming Peï, avec pour maître d’œuvre Dominique Brard (Atelier de l’Île), les salles – dont l’aménagement a coûté 8 millions de francs – s’inscrivent dans la continuité du circuit des peintures des Écoles hollandaise et flamande des XVe-XVIe et XVIIe siècles, ouvert en 1993.

PARIS - Fragmenté en six petites salles, conçu comme un parcours autonome, le nouvel accrochage du Musée du Louvre dévoile, outre les toiles de Caspar David Friedrich, celles d’artistes moins connus en France comme les Autrichiens Maulbertsch, Wutky, les Allemands Schönfeld, Lessing, les Belges Navez, Braekeleer ou encore le Russe Chtchedrine.

Chronologique, le circuit débute par les écoles hollandaise et flamande du XVIIIe siècle. La peinture de fleur y est largement représentée, notamment par Huysum (Fruits et fleurs près d’un vase orné d’amours, 1710-1720), van Os (Fleurs dans un vase et nid d’oiseau, 1780-1790) ou encore Spaendonck (Vases de fleurs, 1789). La troisième salle, consacrée aux Belges et Hollandais du début du XIXe siècle, est plus modeste. “Car c’est une peinture, en fait, presque trop récente pour le Louvre qui, de toute façon privilégiait les peintres nationaux, l’École française donc. Mais c’est une salle en devenir”, reconnaît Jacques Foucart, conservateur général au département des peintures du Louvre. En dehors des toiles de Navez, “celui qui s’en sort le mieux, précise-t-il, tout est montré par nécessité (pour une fois, il n’y a plus rien en réserve !)”.

Réunis dans la pièce suivante, les tableaux scandinaves de la première moitié du XIXe siècle, signés Eckersberg, Købke, Larsen, Lundbye ou Sødring, sont les fruits d’une politique d’acquisition récente – seize tableaux entrés depuis 1980. À leurs côtés figure la superbe série de 26 esquisses de paysages du Norvégien Peter Balke, jamais exposée auparavant, faute de place. Commandée par Louis-Philippe pour retracer son voyage en Laponie de 1795, elle décrit les fjords, les cascades, les successions d’îles et de falaises, au gré des différents phénomènes météorologiques... Enfin, le minutieux Marchand de cigares, à la porte Nord de la Citadelle de Copenhague (1830) de Christen Schjellerup Købke nous rappelle que les Scandinaves ont aussi excellé dans l’art du portrait.

Quant aux deux toiles de David Friedrich, Bord de mer au clair de lune (1818) – acquise l’année dernière –, et L’Arbre aux corbeaux (1822), elles sont un trop rare témoignage du romantisme germanique. Autre paysage inquiétant, le Cimetière et ruines envahis par les arbres (1826) de Lessing côtoient la Terrasse à Sorrente (1830) de Chtchedrine, travail d’après nature, ou le Chêne brisé, au Kerket (1810) de Calame. Les peintures baroques allemandes et autrichiennes du XVIIIe siècle concluent le parcours autour d’œuvres de Franz-Anton Maulbertsch telle L’Apothéose de saint Jean Népomucène (1760), esquisse qui n’a finalement pas été suivie d’un grand tableau d’autel. Les extravagances du Rococo se retrouvent dans la Tête de vieille femme au voile (1730) sur cuivre de Denner ainsi que dans les portraits de Seibold (Portrait de l’artiste, 1740-1750) ou Graff (Le Comte Christophe Urbanowski, 1791). Avec le secteur scandinave, c’est celui qui compte le plus d’acquisitions récentes : huit œuvres sur les dix-sept exposées. Une politique qui a permis au Louvre d’achever le redéploiement du circuit des Écoles du Nord, qui regroupe ainsi près d’un millier de tableaux répartis dans 42 salles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°131 du 31 août 2001, avec le titre suivant : La vague nordique

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