Monument

La porte de Cognac s’ouvre au public

Par Marion Krauze · Le Journal des Arts

Le 22 mai 2025 - 483 mots

Les deux tours de la porte Saint-Jacques du XVE siècle, aujourd’hui restaurées, dévoilent un parcours muséographique.

Cognac (Charente). Sa silhouette imposante, ses tours à mâchicoulis marquent le paysage charentais depuis des siècles. Ancienne entrée de la ville de Cognac, la porte Saint-Jacques (voir ill.) a retrouvé sa majesté d’antan. Désaffecté depuis la fin du XIXe siècle, le monument n’avait jamais été ouvert au public, car bien trop fragile. Si quelques campagnes de restauration avaient été menées au XXe siècle, son état s’était depuis détérioré. La Fondation du Patrimoine, sollicitée dans le cadre de sa restauration, rendait alors compte de « nombreuses altérations qui n’affectent pas sa solidité mais qui compromettent sa pérennité ». Infiltrations d’eau au niveau des terrasses, dégradation des maçonneries, baies dépourvues de menuiseries… Une opération de consolidation et de sécurisation est alors pensée, dès 2020, par l’Agglomération du Grand Cognac, qui reçoit le soutien de la Mission Patrimoine pour ce projet l’année suivante.

À l’automne 2023, le chantier est lancé sous la supervision de l’architecte Nathalie Aubin (agence Analepse). L’objectif : un retour à son état originel du XVe siècle, lorsque la porte Saint-Jacques défendait l’accès au bourg du château, dans le prolongement du pont médiéval (détruit en 1855) qui traversait la Charente. En plus de la restauration de l’étanchéité de la terrasse et la consolidation des parements, les lourdes grilles qui barraient les ouvertures ont donc été remplacées par des fenêtres à traverse et des vitraux. Les archères canonnières et la fente de l’ancienne herse ont aussi été restituées, et les pierres ont retrouvé leur blancheur. Il était même prévu de rehausser la chaussée et de redonner ses proportions initiales à la porte, projet finalement abandonné.

Les travaux se sont également poursuivis à l’intérieur : le sol des salles basses a retrouvé son niveau médiéval, les voûtes et cheminées ont été restaurées, les escaliers intérieurs restitués. Le passé carcéral de l’édifice – qui a servi de prison pendant quatre-vingts ans, au lendemain de la Révolution – n’a pas été effacé pour autant : les centaines de graffitis qui ornent les murs intérieurs des deux tours ont été précieusement sauvegardés. Ces inscriptions, grattées dans la pierre par les soldats qui y faisaient le guet à partir de 1730 puis par les prisonniers qui y étaient enfermés, sont ainsi mises en valeur dans le parcours de visite.

Car la porte Saint-Jacques, pour la première fois ouverte au public, dévoile désormais un parcours scénographique qui retrace sa riche histoire. Les premières salles reviennent sur l’origine de la ville et ses fortifications médiévales. Puis, après un passage sur la terrasse panoramique, les visiteurs découvrent l’histoire protestante de Cognac à la fin de la Renaissance et l’usage carcéral du monument. Un chantier de restauration mais aussi de valorisation donc, qui aura coûté 2 millions d’euros au total (l’Agglomération a notamment reçu des subventions de l’Europe, de l’État, de la Région et de la Fondation du patrimoine).

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°656 du 23 mai 2025, avec le titre suivant : La porte de Cognac s’ouvre au public

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