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ARCHÉOLOGIE ANTIQUE

La Domus Tiberiana rouvre enfin au public

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2023 - 658 mots

ROME / ITALIE

La première résidence impériale de Rome, fermée depuis les années 1970, est de nouveau accessible après d’importants travaux.

La Domus Tiberiana à Rome. © Michael Gaylard, 2022, CC BY 2.0
La Domus Tiberiana à Rome.
Photo Michael Gaylard, 2022

Rome. Le Parc archéologique du Colisée retrouve l’un de ses lieux emblématiques. La circularité des chemins entre le forum romain et le mont Palatin, en passant par la rampe de Domitien et les jardins farnésiens, est rétablie avec la réouverture au public de la Domus Tiberiana. Celle-ci s’étend sur 4 hectares.

Tibère avait choisi cet emplacement proche de sa maison natale pour y faire édifier le premier palais impérial de la Rome antique. Le mont Palatin, choisi symboliquement par Auguste comme lieu de sa propre habitation, devint rapidement le quartier résidentiel de l’aristocratie romaine et des palais impériaux. Les travaux de la Domus Tiberiana ne commencèrent pourtant que sous Néron, à la suite du grand incendie de la ville en 64 après Jésus-Christ et parallèlement à la construction de la Domus Aurea. Le palais fut ensuite agrandi par Caligula et restauré par Domitien et Hadrien qui l’embellirent de marbres et fresques somptueuses pour émerveiller les visiteurs. L’empereur Septime Sévère y agrandit ultérieurement le palais, qui resta accessible jusqu’au VIIIe siècle. Le pape Jean VII, à qui l’on doit la décoration de l’église voisine Santa Maria Antiqua, choisit de vivre dans quelques pièces de la Domus Tiberiana. Il fut le dernier habitant des lieux avant leur abandon. En 1550, le cardinal Alessandro Farnese, neveu du pape Paul III, intègre leurs vestiges aux jardins portant son nom, les Horti Farnesiani, dont il orne alors la colline.

À la fin du XIXe siècle, l’archéologue Pietro Rosa met à jour le clivo della Vittoria, chemin en pente s’étirant sur le mont Palatin et dominé par les grandioses arches de 15 mètres de haut de la Domus Tiberiana. Elles surplombent le Forum romain et se découpent sur le ciel de la Ville éternelle. Dans les années 1970, de graves problèmes structurels provoquent un affaissement du bâtiment, à l’origine atteignant 35 mètres de haut. La fermeture de la Domus Tiberiana au public s’impose pour d’importants travaux de restauration, qui ne seront lancés qu’en 2006, mais aussi un chantier de fouilles. La vie quotidienne au sein du palais à l’époque antique a ainsi pu être documentée. La longue phase d’abandon après l’installation d’une importante décharge au Ve siècle a en outre fourni de précieux renseignements sur la consommation des denrées alimentaires et les échanges économiques et commerciaux. Cela a permis de valoriser « un environnement intact, qui n’a été touché ni par les fouilles du XVIIIe siècle ni par celles du XIXe, précise la directrice du Parc archéologiques du Colisée, Alfonsina Russo. Il s’agit d’une autre étape importante vers la pleine utilisation de la zone archéologique au cœur de Rome, la plus grande du monde. »

Un site particulièrement bien valorisé par son éclairage

« Imago Imperii » est le titre évocateur de l’élégant parcours muséal retraçant l’histoire du palais. Il se déploie au fil de 13 salles aux magnifiques parois nues en opus mixtum datant de l’époque de l’empereur Hadrien. Quatre d’entre elles offrent une vue privilégiée sur le Forum romain et l’arc de triomphe de Septime Sévère. Fragments de décors, pièces de monnaie et de mosaïques côtoient des présentations multimédias qui permettent de retracer l’histoire du monument à travers les siècles ainsi que sa reconstitution holographique.

La valorisation du site par son éclairage artistique est une rare réussite dans le panorama muséal italien. Réalisé par Acea, ce projet d’architecture lumineuse créé par Areti utilise 28 projecteurs encastrés au niveau de la via Nova, 12 projecteurs linéaires orientés sur les arches et 51 appareils de projection pour l’éclairage de la façade. Cette technologie de la lumière dynamique dite « tunable white » offre une exceptionnelle variation de couleur et d’intensité. « C’est un monument important de notre géographie identitaire et nous y investirons de plus en plus, promet le ministre de la Culture, Gennaro Sangiuliano, y compris avec les nouvelles technologies et le multimédia pour augmenter la qualité des services fournis aux visiteurs. »

Domus Tiberiana,
Parc archéologique du Colisée, Rome, colosseo.it

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°619 du 20 octobre 2023, avec le titre suivant : La Domus Tiberiana rouvre enfin au public

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