La Corée au British

La Fondation Korea finance un département d’art coréen

Le Journal des Arts

Le 3 novembre 2000 - 573 mots

En échange de bons procédés, la Corée du Sud a financé dans son intégralité le département d’art coréen du British Museum. L’institution a ainsi formé une de ses conservatrices pour veiller aux 250 œuvres qui y sont présentées.

LONDRES (de notre correspondant) - Créée par le gouvernement sud-coréen afin de “renforcer l’entente mutuelle entre la Corée et plusieurs pays étrangers et de promouvoir la culture coréenne”, la Fondation Korea a alloué 1,2 million de livres (environ 13 millions de francs) au British Museum pour la création de son nouveau département qui ouvrira le 8 novembre. Placé sous la tutelle du ministère coréen des Affaires étrangères, l’organisme public est financé par une surtaxe de 50 % sur les timbres fiscaux nécessaires à l’émission de passeports. Ces dernières années, la Fondation Korea a participé à la création de nouvelles salles au Metropolitan Museum de New York, au County Museum de Los Angeles (Lacma), ainsi qu’au Musée Guimet. Elle soutient aussi des expositions coréennes dans le monde entier. Son budget pour l’année 2000 s’élève à 14 millions de dollars (environ 107,5 millions de francs).

En 1992, la fondation s’est engagée à financer les travaux du British Museum, mais elle a émis trois conditions : le musée devra enrichir sa collection d’œuvres d’art coréennes, financer la formation de l’un de ses conservateurs en vue de l’obtention d’un diplôme universitaire de spécialisation en art coréen, et enfin, publier un ouvrage consacré à l’art coréen. Tout a été fait dans les règles. En 1996, Jane Portal, conservateur du département des Antiquités orientales au British Museum, a obtenu un diplôme universitaire à la London’s School of Oriental and African Studies et son livre Korea : art and archaeology a été édité par les presses du British Museum en début d’année. Un voyage en Corée en 1996 lui a permis d’acquérir un ensemble d’œuvres. Au cours de son séjour, elle a rencontré Hahn Kwang-ho, propriétaire de trois laboratoires pharmaceutiques coréens et fondateur d’un musée à Séoul où il expose sa collection d’art asiatique. L’homme d’affaires est devenu le premier parrain coréen du British Museum. Il a alloué au musée un fonds d’acquisitions conséquent.

Pièce maîtresse acquise grâce au mécène, une jarre “pleine lune” de porcelaine blanche de la dynastie de Choson, achetée en Corée en 1935 par le céramiste Bernard Leach trône aujourd’hui dans les vitrines du British Museum. Pour Jane Portal, cette jarre est l’exemple même de l’esthétique coréenne, mais témoigne du regard japonais, et plus tard occidentale, de cette esthétique. Nombres d’œuvres d’art coréennes ont d’ailleurs été transférées au Japon avant et pendant l’occupation japonaise de la Corée, de 1910 à 1945. Les plus belles pièces du British Museum viennent ainsi, pour la plupart, du Japon ; parmi elles, une boîte en bois laqué du XIIIe siècle, ornée de nacre, d’écailles de tortue et d’incrustations de métaux, qui était destinée à recevoir des rouleaux de prière bouddhistes. Citons également un manuscrit enluminé du sutra Amitabha, peint en or, et calligraphié en argent sur un papier bleu, en 1341, par un moine bouddhiste. Placées dans un parcours chronologique, les pièces sont regroupées en quatre sections, respectivement consacrées aux céladons, au travail des métaux, aux céramiques incrustées Punchong et à la porcelaine. Orné de fenêtres de style coréen, le département s’enorgueillit même d’un sarangbang, atelier d’érudit reconstitué par des artisans avec du pin importé de Corée.

- BRITISH MUSEUM, Londres, tlj 10h-17h, dimanche 12h-18h, tél. 44 207 636 15 55, www.thebritishmuseum.ac.uk

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°114 du 3 novembre 2000, avec le titre suivant : La Corée au British

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