Trois questions à

Kwon Young-Kyu, Directeur des affaires culturelles à la mairie de Séoul

« Aller vers la préservation »

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 18 février 2005 - 405 mots

 En arrivant à Séoul, le visiteur étranger ne peut manquer d’être impressionné par son incroyable modernité, les vestiges anciens souvent écrasés par les buildings...
Il y a eu de nombreuses destructions pendant l’occupation japonaise. En outre, après les ravages de la guerre de Corée, nous avons voulu reconstruire très vite sans faire attention au patrimoine de la ville. Depuis les années 1960, la Corée a enregistré un développement incroyable ; la tradition a disparu derrière des immeubles modernes, excepté quelques palais et forteresses. C’est évidemment désolant et il faut préserver les paysages et vestiges qui nous restent aujourd’hui. C’est ce que nous nous efforçons de faire depuis quelques années. Cela faisait partie des promesses électorales du maire, Lee Myung-Pak, élu en juillet 2002.

Justement, quelles sont les actions menées par la mairie pour sauver le patrimoine coréen ?
Tout d’abord nous mettons l’accent sur l’entretien des édifices pour qu’ils cessent de se dégrader. D’autre part, nous essayons de restaurer les bâtiments, mais souvent, il s’agit de restitution à partir de photographies, de peintures ou d’autres archives. Nous avons ainsi le projet de reconstruire le palais Kyunghee. Nous rachetons aussi à des particuliers leurs demeures traditionnelles pour les préserver et les ouvrir au public. À côté de ces vestiges matériels, nous accordons une grande importance à la danse, au chant, à la cuisine et aux costumes traditionnels, patrimoine immatériel qu’il nous faut absolument sauvegarder.

Le budget de la culture municipal pour 2005 est de 287 413 millions de wons (217 300 euros), soit 2,29 % du budget total ; quels sont vos grands projets ?
Parmi nos grands projets, nous prévoyons d’ouvrir le Musée de Hansung, un des royaumes de la Corée dont l’existence remonte au Ier siècle avant notre ère et qui s’est éteint en 475. Le musée, installé au sud-ouest de Séoul, présentera des œuvres majeures de cette époque. Nous souhaitons aussi restaurer la forteresse de Séoul, longue de 18 km – à ce jour, 10 km ont déjà été restaurés. Et nous désirons orienter notre politique vers la préservation de maisons traditionnelles. Séoul est une ville où la tradition et la modernité peuvent s’harmoniser parfaitement. Jusqu’à présent, nous avons donné beaucoup d’importance au développement, maintenant nous allons vers la préservation. Après avoir eu soif de réussite, les habitants se tournent à nouveau vers leur environnement naturel, leurs racines, vers un monde à échelle humaine sans artifices. Il s’agit d’un retour aux sources en quelque sorte...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°209 du 18 février 2005, avec le titre suivant : Kwon Young-Kyu, Directeur des affaires culturelles à la mairie de Séoul

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