Jean-Joseph Carriès : Loyse Labé

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 22 juin 2015 - 399 mots

Prélude à l’ouverture d’un nouveau pavillon consacré aux écoles étrangères, le Musée des beaux-arts de Montréal s’est porté acquéreur d’un bronze de Jean-Joseph Carriès lors du dernier-né des salons parisiens :
Paris Beaux-Arts.

Louise Labé
La poétesse, née en 1524, doit son surnom de Belle Cordière au métier de son père puis de son mari, cordiers à Lyon. Une activité familiale suffisamment lucrative pour lui permettre de se consacrer aux belles lettres. Ses traits, connus par la gravure, ne furent pas imités par Carriès qui ne se fia ici qu’à son imagination. De réaliste, le buste n’en a donc que l’apparence.  

Carriès
Sans doute l’un des plus grands sculpteurs français de son siècle. Lyonnais d’origine – un point commun avec la Belle Cordière –, Carriès est avant tout un artiste autodidacte. La technique le passionne. Fasciné par les glaçures colorées de la céramique japonaise, il tente d’en percer les secrets. Après 1888, il s’oriente vers la poterie. Du four de son atelier bourguignon sortent des grès d’une facture insolite pour l’époque dont témoigne encore L’Homme au grelot, dit Le Bouffon. Cette sculpture, issue de la série des Désespérés, fut acquise en 2014 par le Musée des beaux-arts de Montréal auprès de la galerie de feu Patrice Bellanger (1944-2014) qui fut l’un des plus zélés rénovateurs du génie singulier de Jean-Joseph Carriès, mort lui aussi prématurément en 1894 à l’âge de trente-neuf ans.

35 000 €
Achat réalisé en avril 2015 sur le stand de la galerie Tourbillon (Paris) à l’occasion de la première édition du salon Paris Beaux-Arts. Signe encourageant pour ce nouvel acteur du marché de l’art parisien qui a séduit d’emblée les musées en quête de bonnes affaires.

Cire perdue
Carriès redécouvre avec l’aide du fondeur Pierre Bingen (1842-1908) les qualités de la cire perdue qui font de chacune de ses sculptures des pièces uniques. Le procédé oublié avait été retrouvé par Honoré Gonon (1780-1850) qui partageait l’engouement de son époque pour les bronzes de la Renaissance. La technique de la cire perdue, bien que complexe et plus coûteuse que la fonte au sable, séduisit les sculpteurs les plus exigeants tels Dalou ou Falguière.

1887-1894
Date de la première édition en bronze du buste de Loyse Labé. Elle sera suivie d’au moins cinq autres tirages avec variantes jusqu’en 1894. Le succès du modèle encourage sa traduction en d’autres matériaux tels le grès, le plâtre patiné ou le biscuit.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Jean-Joseph Carriès : Loyse Labé

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