Art ancien

Il Tiepolo Nuovo

Les fresques de Zianigo sont présentées au Musée Correr

Par Lidia Panzeri · Le Journal des Arts

Le 3 novembre 2000 - 472 mots

De 1759 et 1797, entre deux commandes, Giandomenico Tiepolo (1727-1804), fils de Giambattista, a orné sa demeure de Zianigo d’une soixantaine de fresques, aux sujets variés, un cycle qui, plus qu’aucun autre, témoigne de son iconographie originale et de son style enlevé. À l’issue de leur restauration, ces fresques, habituellement conservées à la Ca’ Rezzonico, sont présentées au Musée Correr.

VENISE (de notre correspondante) - En 1906, les soixante fresques, que Giandomenico Tiepolo avait peintes entre 1759 et 1797 dans sa résidence de Zianigo près de Mirano, avaient été déposées par le restaurateur Franco Steffanoni, afin d’être vendues en France par l’antiquaire Antonio Salvadori. La nouvelle parue dans les journaux locaux avait fait grand bruit et contraint la municipalité de Venise et l’État italien à racheter les fresques à l’antiquaire pour un peu plus de 35 000 lires de l’époque. Elles avaient ainsi pu être conservées dans la Sérénissime, d’abord au Musée Correr, puis, à partir de 1936, année de l’ouverture du musée du XVIIIe vénitien, dans six salles du second étage de la Ca’ Rezzonico. Par la longueur de sa gestation, ce cycle retrace l’évolution artistique de Giandomenico, depuis Le Triomphe des arts, dont le style est encore proche de celui de son père, Giambattista, jusqu’aux scènes mythologiques, des sujets religieux aux scènes de satyres et aux médaillons monochromes. Parmi tous ces chefs-d’œuvre, se distingue Il Falchetto, représentation très vivante du rapace attaquant un groupe de moineaux, ou encore la célèbre fresque Il Mondo Novo, auquel font pendant le Minuetto in villa et La Passeggiata in villa. Quant au cycle des Pulcinella (1793-1797), il synthétise la conscience mélancolique d’une civilisation en déclin. Une seule restauration a été effectuée depuis 1906. Elle a été réalisée par Giuseppe Giovanni Pedrocco, qui retire en 1968 certains châssis en bois pour les remplacer par un treillis métallique. Trente ans plus tard, en 1998, Ottorino Nonfarmale opère une intervention similaire sur Il Mondo Novo. C’est le début de la campagne de restaurations, parrainée par l’association The Venice International Foundation, présidée par Franca Coin, sous le slogan “Adoptons un Tiepolo”. Ils ont été douze à répondre, entreprises, associations ou personnes privées, pour garantir la couverture de toutes les dépenses (environ cinq millions de francs, dont deux pour la restauration proprement dite). “Trouver les fonds pour la restauration, tient cependant à préciser Franca Coin, n’entre pas dans nos obligations institutionnelles qui prévoient la promotion de l’image et de l’activité des musées municipaux surtout sur le plan du marketing.”

Du 21 octobre au 14 janvier, les fresques seront exposées au Musée Correr de Venise en attendant de retourner à la Ca’ Rezzonico à la fin du printemps 2001 lorsque la rénovation du palais sera enfin terminée.

LES FRESQUES DE GIANDOMENICO TIEPOLO, jusqu’au 14 janvier, Museo Correr, 52 Piazza San Marco, Venise, tél. 39 041 522 56 25, tlj 9h-19h

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°114 du 3 novembre 2000, avec le titre suivant : Il Tiepolo Nuovo

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