Renaissance

Haut en couleur

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 17 septembre 2008 - 508 mots

Classé trésor national en 2005, le somptueux pavement de Polisy a fait son entrée dans les collections du Musée d’Écouen.

ÉCOUEN - L’année 2008 aura été faste pour le Musée national de la Renaissance, au château d’Écouen (Val-d’Oise). Après l’acquisition des deux tapisseries de la célèbre tenture de Diane (1), l’institution a pu faire entrer dans ses collections le pavement du château de Polisy (Champagne), grâce à une opération de mécénat menée avec le groupe AXA. Classé trésor national en 2005, l’ensemble de faïence polychrome a été réalisé en 1545. D’une surface de 28 m2, il se déployait dans la salle d’honneur du château de Polisy, propriété de la famille des Dinteville. Proches du pouvoir royal et grands mécènes, les Dinteville ont fait travailler de nombreux artistes au château, parmi lesquels Hans Holbein le Jeune. Son célèbre tableau Les Ambassadeurs (1533), dont l’un des protagonistes n’est autre que Jean de Dinteville, trônait, lui aussi, dans la salle d’honneur du château de Polisy avant d’être acheté par la National Gallery de Londres à la fin du XIXe siècle.
Commandé par François II de Dinteville, évêque d’Auxerre, le pavement évoque, à travers les figures allégoriques des différentes vertus, les revers de fortune infligés à la famille, qui dut s’exiler pendant plusieurs années. Il est probablement l’œuvre d’un atelier champenois d’après des modèles gravés de Sebastiano Serlio – l’artiste italien, installé à Fontainebleau au service de François Ier, aurait également travaillé pour les Dinteville. Le pavement illustre cette conception du décor typique de la Renaissance où prévaut la couleur, comme l’explique Thierry Crépin-Leblond, directeur du musée. Les travaux de restauration ont consisté en une simple opération de nettoyage ; le pavement, démonté dans les années 1970, se trouvait en effet dans un très bon état de conservation. Véritable casse-tête chinois, la reconstitution de l’ensemble s’est révélée, en revanche, particulièrement délicate car aucun carreau n’était numéroté. Bien que très cohérent, le résultat final comporte une part d’aléatoire ; les carreaux ne sont d’ailleurs pas scellés afin de pouvoir être changés d’emplacement au fil des recherches… Témoignage essentiel pour l’histoire de la faïence en France et des échanges avec l’Italie, le pavement de Polisy vient compléter les collections d’Écouen, qui comprennent déjà des œuvres de Masséot Abaquesne, des carreaux du palais Petrucci à Sienne (Italie), du château d’Oiron (Deux-Sèvres) ou de la cathédrale de Langres (Haute-Marne).
Initié pour les Journées du patrimoine (20 et 21 septembre), le parcours des collections permanentes du Musée national de la Renaissance a été réorganisé sur le thème des relations culturelles et artistiques dans l’Europe du XVIe siècle (jusqu’au 31 décembre). L’occasion de découvrir la dernière acquisition en date du musée : Le Dévouement de Marcus Curtius (vers 1740), une huile sur bois réalisée par un peintre flamand, exprimant sa fascination pour l’Italie.

(1) lire le JdA no 281, 9 mai 2008, p. 17.
(2) premier faïencier français installé à Rouen entre 1524 à 1557 à qui fut un temps attribué le pavement.

Le pavement de Polisy

- Montant d’acquisition : 2,25 millions d’euros
- Surface : 28 m2

Musée national de la Renaissance

Château d’Écouen, 95440 Écouen, tél. 01 34 38 38 50, www.musee-renaissance.fr, tlj sauf mardi et jours fériés, 9h30-12h45 et 14h-17h15 (hiver) et 17h45 (été).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Haut en couleur

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