Grandes manœuvres à Venise

Le Journal des Arts

Le 14 mai 1999 - 346 mots

Le risque de déshérence ne semble pas menacer le patrimoine vénitien, si l’on en croit les convoitises qu’il suscite auprès des grands investisseurs, aussi bien institutionnels que privés, comme Benetton.

VENISE (de notre correspondante) - Convoité par Arrigo Cipriani, propriétaire du légendaire Harry’s Bar, le palais Cavallo-Franchetti, sur le Grand Canal, lui a finalement échappé au profit, non d’un magnat de la finance mais du prestigieux Institut vénitien des sciences, des lettres et des arts fondé en 1840. Le siège de la vénérable institution, qui a déboursé 30 milliards de lires (environ 100 millions de francs) dans l’opération, demeurera au palais Loredan, donné en concession permanente par la Ville, tandis que le palais Cavallo-Franchetti accueillera des colloques et des expositions afin de soutenir sa politique de croissance. Situé face aux Galeries de l’Académie, ce palais construit au XVe siècle – avant d’être totalement restructuré dans le style néo-gothique au XIXe siècle par Camillo Boito – restera loué en partie à la Fondation Cassa di Risparmio de Venise et à d’autres établissements étrangers qui souhaitent posséder une adresse prestigieuse dans la ville. L’inauguration est prévue pour l’automne 2000, après les travaux de restructuration, avec une grande exposition sur le thème de la lumière.

Mais les grandes manœuvres ne se limitent pas au Grand Canal, puisque Gilberto Benetton et Leonardo Del Vecchio (Luxottica) viennent d’acquérir pour environ 20 milliards de lires (68 millions de francs) l’île de San Clemente, sur laquelle se trouve actuellement un hôpital psychiatrique. Mise en vente par l’USL (Unità sanitaria locale) San Clemente, elle dispose d’une fabuleuse situation entre l’île de la Giudecca et le Lido. Le duo vénitien a dû également faire face à une concurrence musclée, de nombreuses sociétés étrangères, dont le Crédit Lyonnais, s’étant montrées intéressées. Gilberto Benetton, propriétaire depuis 1992 d’un pâté de maisons entier à San Marco, qui comprend l’Hôtel Monaco, le Théâtre Ridotto et l’ancien cinéma San Marco, étend ainsi un peu plus son domaine. Après la restauration des édifices et des parcs, qui coûtera certainement quelques millions supplémentaires, San Clemente devrait se transformer en véritable centre touristique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°83 du 14 mai 1999, avec le titre suivant : Grandes manœuvres à Venise

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