Entretien avec le comte Panza di Biumo

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 février 1999 - 650 mots

Le comte Giuseppe Panza di Biumo vient de déposer, pour cinq ans, cinquante œuvres de sa collection (d’une valeur supérieure à un milliard de lires, 3,38 millions de francs) au Musée du Palais ducal de Gubbio, ancienne résidence de Federico da Montefeltro.

Gubbio. L’installation – très spartiate – a été conçue de façon à présenter sans agressivité des œuvres contemporaines au milieu des armoires peintes et des marqueteries ornant les huit salles de l’étage noble destinées à la collection. Celle-ci est accompagnée jusqu’à la fin du mois par l’exposition “De l’Informel au Pop art”, déployée dans la loggia et au second étage du palais, qui réunit des œuvres provenant des collections de la Galerie nationale d’art moderne de Rome. Le collectionneur lombard, longtemps résident à Lugano, explique la signification et l’importance de ce dépôt.

Comte Panza di Biumo, quels sont les termes du contrat passé avec le ministère ?
Il s’agit d’un prêt gratuit d’une durée de cinq ans, renouvelable par tacite reconduction à l’échéance.

Ce prêt concerne quelle partie de votre collection ?
Il s’agit de cinquante œuvres réalisées dans les années 80 et 90 par huit artistes, sept Américains et un Italien, Ettore Spalletti.

Pourquoi faire ce prêt précisément à Gubbio ?
Ce sont des choses qui arrivent un peu par hasard... En tout état de cause, le ministère avait manifesté son intérêt pour le maintien en Italie d’une partie de ma collection, et j’ai reçu une demande précise de la Surintendance de l’Ombrie.

Quelle est la tendance des artistes représentés à Gubbio ? Ces œuvres confirment-elles votre prédilection pour le Minimalisme ?
Parler de Minimalisme à propos de ces artistes ne me paraît pas très approprié. Ces œuvres, par exemple celles de Stuart Arends, en raison de leurs dimensions réduites, ne respectent pas les canons de surface typiques de ce courant. Au contraire, comme chez Ross Rudel, on se trouve en présence de sculptures d’inspiration opposée au Minimalisme, avec des formes non plus géométriques mais relevant plutôt d’un naturalisme abstrait. Il y a aussi tout un secteur relatif à la peinture monochrome qui continue de m’attirer, avec les travaux de Phil Sims et d’Ettore Spalletti. Même dans le cas de ce dernier, on relève une interprétation très personnelle – je dirais très italienne – de la veine minimaliste. Il suffit de visiter son atelier, près de Pescara, pour retrouver dans ses tableaux la lumière de la nature du lieu : c’est une recherche empreinte de la même simplicité complexe et de la même pureté que le Quattrocento italien.

Pourquoi, Spalletti mis à part, l’Amérique est-elle toujours le lieu privilégié de vos achats ?
Pour deux raisons très simples : d’abord, je parcours les États-Unis deux mois par an et je connais bien l’art américain ; ensuite, il y a toujours une grande activité en Amérique et il est plus facile d’y trouver chaque année des artistes nouveaux.

Quelle est aujourd’hui la “géographie” de votre collection ?
Une première partie se trouve au Musée d’art contemporain de Los Angeles. Il s’agit d’un noyau d’œuvres des années cinquante et du début des années soixante : quatre-vingts ont été acquises par le musée en 1984, et j’en ai donné soixante-dix autres. Une seconde partie de ma collection, avec des œuvres des années soixante et soixante-dix, est au Musée Guggenheim de New York. Dans ce cas aussi, il s’agit d’un achat par le musée suivi d’une donation de ma part : j’ai vendu deux cents œuvres, j’en ai donné cent cinquante, et trois cents autres sont dans les réserves, en dépôt jusqu’en 2000. Une troisième partie est allée au Musée cantonal de Lugano, avec la donation récente de cent trente œuvres et de la villa de Varèse qui les abrite. Je continue d’acheter et j’ai en projet de nouvelles expositions, ainsi qu’un prêt de quatre-vingts œuvres au Musée d’art moderne et contemporain de Trente et Rovereto, dont le nouveau bâtiment, en cours de construction, ouvrira en 2001.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°77 du 19 février 1999, avec le titre suivant : Entretien avec le comte Panza di Biumo

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