Le château de Montluçon redevient un musée

Montluçon (Allier). Logement privé, tribunal, caserne militaire, salle de spectacle, café… À Montluçon, le château des ducs de Bourbon a connu bien des destinations différentes. Après vingt ans de fermeture au public, il retrouve aujourd’hui son dernier usage : celui de musée. De fait, c’est en musée d’instruments de musique que le château avait été transformé dans les années 1960, jusqu’à ce que les collections de la Ville déménagent au MuPop (Musée des musiques populaires), ouvert en 2013. Depuis, le château affiche porte close, si ce n’est pour quelques expositions organisées occasionnellement en rez-de-chaussée. Les étages servaient, eux, de réserves pour les collections municipales, qui mêlent beaux-arts, histoire locale et fonds musical. « Depuis la fermeture du château, le projet de créer un nouveau musée, dédié à l’histoire locale, a progressivement émergé, relate Denis Valence, responsable de la communication au château de Montluçon. Une grande réflexion a été menée pour le remettre en état, le restaurer, et lui donner cette nouvelle destination en le transformant en lieu muséal de culture et d’échange. »

Deux ans de travaux ont permis de restaurer l’édifice, la dernière campagne d’ampleur remontant aux années 1930 et se concentrant essentiellement sur la restitution de sa galerie couverte. Sous la maîtrise d’œuvre de l’agence d’architecture Kapaa, les façades, toitures et planchers ont donc été remis en état, puis des améliorations techniques ont été apportées : chauffage et ventilation, électricité, contrôle de l’humidité, mise aux normes d’accessibilité avec construction d’un ascenseur… Le plus gros geste architectural reste la construction d’une extension moderne, faite de bois et d’acier, pour abriter l’accueil, la billetterie et la boutique du site. Un chantier à 5 millions d’euros au total, dont plus de la moitié a été financée par la Ville et le reste par l’État et le Département. Durant les interventions, les collections municipales – notamment le mobilier et les tableaux – ont trouvé refuge au château de la Louvière, propriété municipale fermée au public, où elles se trouvent encore aujourd’hui.

Plus de cinq cents objets ont intégré le nouveau parcours permanent du château des ducs de Bourbon, qui se déploie depuis le 11 novembre sur 400 mètres carrés au premier étage. « Lors des travaux, les fouilles menées ont mis au jour plusieurs objets archéologiques intéressants, qui sont désormais exposés », précise Denis Valence. C’est dans la première salle, axée sur l’évolution de la haute vallée du Cher de la Préhistoire au Moyen Âge, que ces outils, céramiques et vestiges de sépultures prennent place. Suivant un cheminement chronologique, le parcours raconte ensuite Montluçon du Moyen Âge à la Révolution, lorsque le site devient castrum [lieu fortifié] puis se dote de son château, achevé par le duc Louis II de Bourbon (1339-1410) et ses successeurs au XVe siècle. La salle suivante retrace son histoire au XIXe siècle, lorsque Montluçon se transforme en centre métallurgique et verrier d’importance, et le parcours s’achève sur une comparaison entre vues anciennes et actuelles de la ville. « C’est un parcours pédagogique, ludique, ponctué de différentes animations interactives pour transmettre toutes les informations au public. »

Si le deuxième étage n’est pas accessible à la visite – il abrite des bureaux –, l’intégralité du rez-de-chaussée est réservée aux expositions temporaires, qui seront renouvelées annuellement, sans orientation thématique particulière. « En ce moment, nous consacrons une exposition au photographe Robert Doisneau [1912-1994]. L’année prochaine, nous prévoyons une exposition sur le Moyen Âge avec la Cité des sciences de Paris, puis nous envisageons d’en faire une sur le street art, sur l’art japonais… C’est une programmation très ouverte, pour pouvoir répondre au maximum de besoins culturels », précise Denis Valence.