La cathédrale de Chalon-sur-Saône rouvre

Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Décors polychromes, motifs de vannerie, entrelacs raffinés…, c’est un intérieur brillant d’une myriade de couleurs qui réapparaît. Au terme d’un minutieux travail de nettoyage et de restauration, la cathédrale de Chalon-sur-Saône rouvre en dévoilant sa décoration médiévale d’origine.

Des traces de polychromie avaient déjà été révélées, il y a de cela vingt ans. Lors des premières campagnes menées, entre 1991 et 2007, pour restaurer l’extérieur et stabiliser la façade, les opérations sont poussées jusqu’aux premières travées de la nef où du latex est appliqué pour enlever les impuretés des pierres. « Nous avions alors eu la surprise de découvrir de la polychromie sur les nervures des voûtes, se remémore l’architecte Frédéric Didier (2BDM Architectes), maître d’œuvre du chantier. Mais à l’époque, la restauration intérieure n’était pas l’objet principal du chantier. Les éléments trouvés avaient été respectés, mis en valeur, mais nous n’étions pas allés plus loin. »

Le nettoyage de l’enceinte de la cathédrale est finalement lancé au printemps 2024, en plus de la réfection du système de sécurité incendie et de la remise aux normes de l’électricité. L’opération est d’envergure, la dernière restauration intérieure remontant à 1867. « Nous pensions que les travaux menés au XVIIIe siècle avaient été drastiques, que l’on ne retrouverait pratiquement rien si ce n’est quelques petits fragments. Or nous avons finalement découvert tout le système de polychromie médiévale de la cathédrale », explique Frédéric Didier. Scalpel en main, les restaurateurs ont progressivement dégagé les badigeons postérieurs pour atteindre la couche médiévale, au niveau d’abord de la nef et de ses collatéraux puis du transept et du chœur. Un décor gothique aux tons ocre, rouges, pastel se dévoile alors, datant sans doute de la fin du XIIIe siècle, conçu pour souligner parfaitement l’architecture. « C’est la seule cathédrale polychrome de Bourgogne ! Cette polychromie est rare, d’autres édifices adoptent au contraire un parti monochrome à la même époque. » Autre surprise du chantier : la révélation des détails des chapiteaux romans, sculptés au XIIe siècle, qui une fois nettoyés ont laissé voir des inclusions dans les pupilles des personnages.

Si la cathédrale est à nouveau ouverte au culte et à la visite, le chantier n’est pour autant pas terminé. Au tour désormais des espaces à proximité du chœur d’être restaurés : la sacristie, la salle capitulaire ainsi que trois chapelles. « Dans la chapelle nord, nous avons fait d’autres découvertes : des rinceaux d’arabesques sur les voûtes, des peintures historiées du XVIe siècle que nous sommes en train de dégager, nettoyer et restaurer, détaille l’architecte. Nous sommes aussi en train de mener des fouilles dans le chœur, lesquelles ont révélé des vestiges de l’abside romane et du rempart gallo-romain, visible de l’extérieur. C’est donc la connaissance de l’ensemble de la cathédrale qui est complètement renouvelée. » Des travaux de mise en accessibilité seront aussi entrepris, avant la dernière étape prévue dans l’année 2027 pour restaurer les chapelles latérales à la nef et réaménager le parvis.

Côté budget, l’enveloppe est restée stable bien que le chantier ait réservé son lot d’imprévus. « Il n’y a pas eu de dépassement, nous sommes dans les coûts et les délais pour l’instant », confirme Frédéric Didier. Le montant total des travaux est estimé à 5 millions d’euros, financés par la Ville (qui assure la maîtrise d’ouvrage), le Département, la Région, l’État et l’Europe.