Monument

En mauvais état, une partie du palais du roi de Rome classée d’office

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 2 mars 2022 - 574 mots

Propriété d’un homme d’affaires, l’aile est du palais est abandonnée depuis 2018. Avec ce classement, le ministère de la Culture peut procéder à des travaux d’urgence.

Rambouillet. Labellisée « Ville et pays d’art et d’histoire », membre du réseau des villes impériales, Rambouillet subit depuis 2018 le spectacle de la dégradation d’un de ses joyaux de l’époque napoléonienne. Les travaux engagés sur l’aile est du palais du roi de Rome, non loin (450 mètres) du château de Rambouillet, sont à l’arrêt depuis quatre ans, laissant affleurer dangereusement les pierres de la maçonnerie mise à nu. Le risque de chute de pierres a poussé la Mairie à déposer un arrêté de péril sur le bâtiment en décembre 2018. Constatant l’absence de volonté de reprendre le chantier de la part du propriétaire privé, le ministère de la Culture a annoncé le 10 février le classement d’office du bâtiment en péril au titre des monuments historiques.

Achevé à la toute fin de la période impériale, en 1814, le palais du roi de Rome est le seul témoignage des résidences imaginées par Napoléon pour son fils, le monumental palais de la colline de Chaillot n’ayant jamais vu le jour. Après sa vente à un propriétaire privé en 1835, la partie médiane reliant les deux ailes du palais est détruite. En 1989, la Ville de Rambouillet acquiert l’aile ouest, restaurée par l’architecte Frédéric Didier en 2013. Son pendant est acquis par l’homme d’affaires Bruno Ledoux en 2012, qui était devenu peu de temps avant l’actionnaire principal du quotidien Libération.

Collectionneur des reliques de l’époque impériale, Bruno Ledoux souhaite installer sa large collection dans l’aile est du palais rambolitain. En 2014, il lance une campagne de travaux visant à restaurer le clos et le couvert, et à débarrasser le bâtiment de ses annexes parasites. « Lorsque les travaux ont commencé, les Rambolitains étaient très contents, se souvient Catherine Moufflet, adjointe au maire de Rambouillet, chargée de la culture. Mais en juillet 2018, les échafaudages ont disparu d’un seul coup, les travaux étaient mis à l’arrêt. Bruno Ledoux n’aurait pas payé les artisans. »

Alors que l’aile appartenant à la Ville, où elle organise des expositions thématiques, est classée monument historique depuis 1995, l’aile privée ne bénéficie que d’une inscription. La Mairie de Rambouillet reprend contact avec l’homme d’affaires en octobre en 2020 afin d’obtenir un classement de l’aile est du palais ; sans succès. Le refus opposé par Bruno Ledoux oblige la commission nationale du patrimoine à se prononcer pour un classement d’office du monument, décidé à l’unanimité. Ce classement d’office permettra à l’administration d’adresser une mise en demeure au propriétaire exigeant l’exécution des travaux. Si ce dernier ne procède pas à la reprise du chantier, l’administration peut exécuter les travaux et exiger le remboursement de leur coût au propriétaire , selon le Code du patrimoine.

La Ville de Rambouillet a investi 94 000 euros dans des travaux d’urgence et la construction d’un passage couvert permettant l’accès aux jardins du palais malgré le danger de chute de pierres. Bruno Ledoux est, lui, empêtré dans un autre chantier patrimonial sur la côte basque : son projet de complexe hôtelier pour le château d’Ilbarritz (inscrit monument historique), acquis en 2014, est incompatible avec la loi Littoral. « On espère que les travaux vont pouvoir se faire, veut croire l’ajointe au maire de Rambouillet. Mais pour le moment, M. Ledoux est aux abonnés absents. Une semaine après le classement d’office, on n’a toujours pas de son, pas d’image. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°584 du 4 mars 2022, avec le titre suivant : En mauvais état, une partie du palais du roi de Rome classée d’office

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