Espagne - Musée

MAISON-MUSÉE

En immersion dans la maison natale de Dalí

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2023 - 713 mots

FIGUERAS / ESPAGNE

L’immeuble où est né le célèbre artiste catalan a ouvert ses portes au public proposant une expérience immersive dans l’enfance de Salvador Dalí.

Les espaces intérieurs de la Casa. © Casa Dalí
Les espaces intérieurs de la Casa Dalí.
© Casa Dalí

Figueras, Espagne. En 1974, la petite ville de Figueras s’est imposée dans le paysage culturel catalan avec l’inauguration du théâtre-musée Dalí, imaginé par le maître espagnol sur les restes de l’ancien théâtre municipal. La « Casa natal » [maison natale] de Salvador Dalí (1904-1989) – plus exactement l’immeuble où il est né et a vécu ses huit premières années –, située en plein centre-ville, complète l’offre culturelle de la ville depuis octobre dernier, en proposant une visite entièrement immersive.

Une immersion numérique dynamique

Contrairement au théâtre-musée, l’immeuble moderniste ne présente pas d’œuvres physiques. Le parcours immersif commence dans l’appartement familial de Dalí et se poursuit sur les deux étages suivants, où résidaient ses voisins d’enfance. D’une durée d’une heure, l’expérience est didactique et ludique, faisant office d’introduction à la vie et à l’œuvre de Dalí.

Projection d'architecte de la façade de la Casa natal Salvador Dalí. © Casa Dalí
Projection d'architecte de la façade de la Casa natal Salvador Dalí.
© Casa Dalí

Inspirée par la « Casa Battló » de Gaudí à Barcelone, celle de Dalí échappe à la visite parfois monotone des maisons d’artistes, en se dotant de technologies modernes. Le visiteur est accompagné de pièce en pièce par un audioguide, qui diffuse en alternance une voix féminine et celle de l’artiste lui-même, racontant son histoire personnelle. Le déclenchement du son est automatique, en fonction des vidéos explicatives, constituées d’archives et de photographies projetées sur le décor. Les passages entre les salles sont accompagnés par une musique d’ambiance, spécialement composée pour le lieu, et sont rythmés par l’ouverture des portes qui ne se produit qu’à la fin de chaque projection.

Le parcours a été pensé pour assurer le confort des visiteurs, qui découvrent le musée par groupes de huit personnes, toutes les dix minutes, ce qui représente un écart de deux salles entre chaque groupe, et limite toute nuisance sonore. Cette nouvelle adresse, qui s’apparente plutôt à une attraction touristique qu’à un musée, offre un contenu pertinent et bien documenté, ainsi qu’une visite fluide grâce à la cadence imposée.

Du Dalí intime au Dalí icône

Le parcours retrace les origines de l’ascension fulgurante de Dalí sur la scène internationale, en commençant par un voyage dans les décors de son enfance, de l’office notarial de son père au rez-de-chaussée de l’immeuble, à la chambre où il est né. Ses liens familiaux se révèlent intrinsèquement liés à son œuvre, en particulier sa relation tumultueuse avec son père, personnalité en vue de la société bourgeoise de Figueras du début du XXe siècle. L’ombre persistante et méconnue de son frère aîné, mort à l’âge de deux ans, quelques mois seulement avant la naissance de l’artiste, le décès brutal de sa mère lorsqu’il était âgé de seize ans, ainsi que la relation étroite avec sa sœur cadette Anna Maria, son premier modèle, sont autant de souvenirs qui ont marqué profondément l’univers dalinien.

Le récit se poursuit avec son déménagement à Madrid, où il rencontre et collabore avec ses amis Federico García Lorca et Luis Buñel. Sa rencontre avec Gala en 1929 marque un tournant. Elle devient sa muse tout autant que l’administratrice de sa fortune, participant à la création du personnage public. Les différentes facettes de l’artiste sont ensuite racontées : son rapport à l’art, son goût pour les mondanités, pour les sciences et la modernité en général, ses excès publics volontaires et ses multiples ambivalences.

Au dernier étage, une grande salle immersive, sur le modèle de l’Atelier des lumières à Paris, plonge le visiteur dans des vidéos de paysages espagnols ayant inspiré Dalí, en particulier Portlligat, petit village de pêcheur au nord de la Catalogne, dont les vues se fondent progressivement aux tableaux de Dalí.

Figueras, ville dalinienne par excellence

Avec ce projet, la mairie de Figueras consolide sa place dans le « triangle dalinien » catalan, composé du théâtre-musée Dalí à Figueras, de la maison-musée du château Gala Dalí (Pubol) et de la maison-musée Salvador Dalí (Portlligat). En projet depuis 1995, l’ouverture au public de la « Casa natal » était dépendante des acquisitions par la Mairie des différents appartements de l’immeuble. En 2019, la Mairie a pu lancer de grands travaux de réhabilitation. 1,9 million d’euros a été investi par les administrations municipales successives. « C’est l’hommage de Figueras à Dali », se félicite Mariona Seguranyes, conseillère à la culture de Figueras, lors de l’inauguration du nouveau lieu.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°620 du 3 novembre 2023, avec le titre suivant : En immersion dans la maison natale de Dalí

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