États-Unis - Musée

En Floride, un conservateur licencié sur des soupçons d’antiquités mal acquises 

Par Louise Wagon · lejournaldesarts.fr

Le 25 septembre 2023 - 430 mots

Il lui reproché d’avoir organisé une exposition à partir d’une collection douteuse qu’il avait aidée à constituer.

Bronzes grecs datant du VIIIe siècle avant J.-C., présentés dans l'exposition From Chaos to Order. © MFA St Petersburg / The Sol Rabin Collection
Bronzes grecs datant du VIIIe siècle avant J.-C., présentés dans l'exposition « From Chaos to Order ».
© MFA St Petersburg / The Sol Rabin Collection

Michael Bennett, conservateur de l’art occidental ancien au Musée des beaux-arts (MFA) de Saint-Pétersbourg en Floride, a été licencié par le musée après avoir organisé une exposition itinérante d’antiquités grecques dont la provenance est douteuse. 

L’exposition, intitulée « From Chaos to Order : Greek Geometric Art from the Sol Rabin Collection », présentait des œuvres de la période géométrique de la Grèce antique (900 à 700 avant J.-C), une étape fondamentale dans le développement de l’art grec.

L’exposition devait être présentée au Denver Art Museum (DAM) après avoir été accueillie par le Rollins Museum of Art près d’Orlando et le Gibbes Museum of Art à Charleston, en Caroline du Sud. Mais le musée de Denver a demandé un report de l’exposition pour vérifier la provenance des œuvres, car certaines d’entre elles avaient été achetées à des marchands impliqués dans des affaires de trafic d’antiquités volées. Le musée de Saint-Pétersbourg  a alors mis Michael Bennett en congé, puis l’a licencié un mois plus tard, sans donner d’explications. 

Le conservateur, qui travaillait au MFA depuis 2010, a déclaré au New York Times qu’il ignorait les raisons de son licenciement. Dans une lettre obtenue par le Times, l’avocat du musée a écrit à celui de Michael Bennett qu’en raison de son statut, « il pouvait être licencié à tout moment sans motif », ajoutant cependant que « le MFA avait des raisons plus que suffisantes de le faire ». Dans un communiqué, le musée a par ailleurs souligné l’importance « de respecter les normes les plus élevées de l’industrie dans un monde en mutation ».

Les 57 œuvres de l’exposition appartenaient toutes à Sol Rabin, un collectionneur, qui avait constitué sa collection sous la direction du même Michael Bennett et de l’archéologue de Harvard, David Mitten (1935-2022). Sol Rabin est le président du comité d’art ancien des musées d’art d’Harvard. Seules trois des œuvres avaient déjà été exposées publiquement, ce qui rendait l’exposition inédite. 

La plupart des œuvres de l’exposition n’avaient pas de preuves de leur provenance et certaines étaient passées entre les mains du marchand d’antiquités Robert E. Hecht (1919-2012), qui a fait face à des accusations de contrebande en Italie et a été soupçonné d’avoir dirigé un trafic international d’œuvres d’art antique depuis les années 1950. 

Le musée de Denver a sans doute privilégié la prudence face à cette situation, car l’institution est au cœur d’un scandale concernant sa collection d’antiquités provenant du Cambodge. En 2021, le musée a dû restituer quatre sculptures cambodgiennes pillées, liées au marchand Douglas Latchford (1931-2020).
 

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