Arts décoratifs

Du design à Bordeaux

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2010 - 513 mots

Le musée bordelais complète son parcours chronologique avec de nouvelles
salles consacrées à l’Art nouveau, l’Art déco et au design.

BORDEAUX - Inauguré en 1955, le Musée des arts décoratifs de Bordeaux est un petit bijou de l’architecture de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Riche de splendides collections de porcelaines, d’orfèvrerie, de mobilier et d’objets d’arts, l’institution évoque sans mal le quotidien d’un hôtel particulier bordelais à l’aube de la Révolution française. L’ensemble serait figé dans le temps si de nouvelles salles ne s’étaient ouvertes pour accueillir le XIXe siècle, et tout récemment les XXe et XXIe siècles. Avec une prédilection pour la création bordelaise…

L’Art nouveau n’a jamais vraiment eu, il faut le préciser, les faveurs de la bourgeoisie locale, très traditionaliste. Ainsi les nouvelles salles situées au deuxième étage du musée bénéficient-elles des dépôts d’une collection privée bordelaise (qui comprend une table de Louis Majorelle). Des pièces de mobilier et luminaires provenant de la donation Rispal ont aussi été confiées par le Musée d’Orsay. Les années 1920-1930 à Bordeaux témoignent en revanche d’une importante vague créative, ici illustrée par une douzaine d’artisans d’art bordelais parmi lesquels le céramiste René Buthaud, le peintre Jean Dupas, l’orfèvre dinandier Maurice Daurat et le sculpteur Alexandre Callède.

Pour compléter ce parcours chronologique, l’ancienne remise à carrosses a été transformée en espace permanent pour accueillir quelques-unes des deux cents pièces de la collection de design des XXe et XXIe siècles. En vedette figure un ensemble de créations signées du groupe Memphis (1981-1988) dont l’un des membres, Nathalie du Pasquier, n’est autre que la fille de Jacqueline du Pasquier, ancienne conservatrice du musée.

L’accrochage du rez-de-chaussée doit rester flexible pour accueillir les expositions temporaires, mais aussi le public à l’occasion de l’organisation de conférences. Tandis que la mezzanine offre l’opportunité unique de visiter le « 12.07 », espace de vie minimal imaginé par le designer Sylvain Dubuisson. Parmi les autres pièces notables, enfin, signalons le précieux service à thé d’Andrea Branzi, subtile alliance entre l’argent et le bois (1997).

Une Société généreuse
Avec 53 000 euros de budget de fonctionnement alloué par la municipalité (un chiffre hors masse salariale, et qui représente quatre fois moins en moyenne que celui des autres institutions bordelaises), les équipes du musée dirigées par Bernadette de Boysson redoublent d’effort et d’imagination. L’institution peut heureusement compter sur la générosité des quatre cents membres de la Société des amis du musée, qui lui double son budget annuel tant pour les acquisitions, les publications que pour l’entretien des lieux.

Comme une suite logique à la mission d’un musée d’arts décoratifs, cette nouvelle aile design vise à attirer les jeunes et renforcer un public fidèle, qui avoisine les 40 000 visiteurs chaque année. L’occasion également de poursuivre un cycle d’expositions de design lancé l’an dernier avec Jasper Morrison – qui accueillit 10 000 visiteurs à elle seule. Cette année, le musée ouvrira ses salles à Michele De Lucchi, avant, l’an prochain, Konstantin Grcic.

MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS, 39, rue Bouffard, 33000 Bordeaux, tél. 05 56 10 14 00, www.bordeaux.fr, tlj sauf mardi et jours fériés 14h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : Du design à Bordeaux

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