Pour restaurer les fenêtres de son grand réfectoire, l’abbaye de Fontevraud a confié la création de nouveaux vitraux à François Rouan. Un dialogue entre patrimoine et création contemporaine.
Lieu unique, l’abbaye royale de Fontevraud est le plus vaste ensemble monastique du Moyen Âge. Fondée en 1101 aux confins de l’Anjou et de la Touraine, elle a la particularité d’être dirigée par une abbesse bien qu’elle abrite des moines et des moniales de haut rang. Les religieux en sont chassés à la Révolution et Napoléon Ier la transforme en prison. Le site est alors profondément remodelé afin de répondre à ses nouvelles fonctions carcérales qu’il remplit jusqu’en 1963. Ce lieu hors norme qui renferme la nécropole des Plantagenêt est aujourd’hui un « Centre culturel de rencontre ».
Les fonctions successives de Fontevraud confèrent aujourd’hui à ce site de 13 hectares l’apparence d’un gigantesque mille-feuille historique. Le Grand-Moûtier, monastère le plus important de l’abbaye, conserve ainsi un superbe patrimoine, profondément remanié au XIXe siècle. À l’image du grand réfectoire du cloître, immense édifice de 47 m sur 7, qui a dû être totalement réaménagé afin d’accueillir 2 000 détenus, en lieu et place des 300 convives prévus à l’origine. Les fenêtres ont par exemple été entièrement redessinées.
Les huisseries de l’époque carcérale avaient besoin d’un indispensable chantier de restauration. Le site qui a une longue tradition de collaboration avec les artistes contemporains a saisi l’occasion de ce chantier pour confier en parallèle la conception des nouveaux vitrages à un artiste actuel. Une commande, portée par la Région à hauteur de 300 000 euros. Pour ce projet, le nom de François Rouan s’est imposé comme une évidence car l’artiste avait déjà signé des vitraux contemporains très réussis, notamment pour la cathédrale de Nevers.
Les vitraux, réalisés par l’Atelier Loire, se répartissent sur la totalité des grandes fenêtres de la façade sud, ainsi que sur les petites ouvertures de la façade nord. Côté sud, l’artiste déploie une gamme lumineuse où domine le jaune d’argent ; ces verres peints puis gravés contrastent avec les fenêtres septentrionales d’un rouge soutenu. De ce côté, les motifs se font également plus abstraits alors que sur la paroi opposée le figuratif s’impose. On reconnaît notamment les portraits de certaines mères abbesses dont les effigies sont peintes sur les murs de la salle capitulaire.
Né en 1943, François Rouan s’est fait connaître par son travail sur la trame des tableaux. Par un joli clin d’œil de l’histoire, il a trouvé dans les menuiseries du XIXe siècle une grille idéale pour développer ses recherches plastiques. Ce motif de la grille est d’ailleurs démultiplié dans les nombreuses croix dont il constelle ses vitraux. Une croix qui évoque à la fois le passé religieux du site autant que les barreaux de l’ancienne prison. Une manière subtile d’entremêler les deux temporalités du site.
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D’or et de sang les nouvelles couleurs de Fontevraud
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°791 du 1 décembre 2025, avec le titre suivant : D’or et de sang les nouvelles couleurs de Fontevraud







