Patrimoine

Occitanie

Conques, grandiose ermitage

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 22 avril 2024 - 412 mots

Lorsque Prosper Mérimée découvrit, au nord de l’Aveyron, la vallée de Conques (250 habitants) et son abbaye de Sainte-Foy, il ne cacha pas son émotion.

« Je n’étais pas préparé à trouver tant de richesse dans un pareil désert », confia l’inspecteur général des monuments historiques qui fit classer l’abbatiale en 1838. Près de deux siècles plus tard, le site provoque toujours l’émerveillement, lorsqu’on aperçoit le village médiéval niché dans cette vallée dont la forme de conque lui donna le nom. Depuis le belvédère de Bancarel, la vue panoramique donne la mesure du paysage escarpé et sauvage dans lequel ils ont été construits. L’hiver, les arrêtes de schiste de la haute vallée du Lot dessinent des lignes incisives et renforcent la sévérité du lieu. L’opulence végétale qui se développe, du printemps à l’été, lui confère au contraire un peu de douceur. L’édification, par des moines, de l’abbatiale sur les bases d’un ancien ermitage, à partir du XIe siècle, a fait émerger le village alentour, tandis que les miracles accomplis par sainte Foy, qui aurait rendu la vue à un dénommé Guibert l’Illuminé, en 995, attirèrent un flot de pèlerins. Dans l’abbatiale, dépositaire des reliques de la sainte, la statuette couverte d’or et de pierres précieuses la représentant, couronnée, sur un trône, constitue la pièce maîtresse du trésor d’orfèvrerie offert par Charlemagne.

104 vitraux de Pierre Soulages

Devant le tympan du Jugement dernier et ses 124 personnages sculptés qui accueillent le visiteur, c’est une autre histoire qui se raconte. Sous le regard d’un Christ, juge, la pesée des âmes balance entre l’archange saint Michel et la figure du diable. Leurs regards se défient, et celui du spectateur observe de quel côté penche la balance. Lorsque, dans les années 1980, le ministère de la Culture sollicita Pierre Soulages pour réaliser des vitraux pour une église du Finistère, le peintre accepta, mais pas en Bretagne : il choisit Conques-en-Rouergue, à 38 kilomètres de Rodez, sa ville natale. Car, expliqua-t-il : « Lorsque j’ai eu quatorze ans, c’est devant l’abbatiale de Conques que j’ai décidé que seul l’art m’intéressait dans la vie. Conques est le lieu de mes premières émotions artistiques. » Depuis, les 104 vitraux réalisés par l’artiste avec le maître verrier Jean-Dominique Fleury offrent une lumière naturelle qui donne à revoir l’alternance du clair et du sombre des hauts murs, recherchée par les bâtisseurs de l’abbaye lorsqu’ils utilisèrent trois types de pierre du Rouergue pour son édification : le calcaire jaune, le grès rouge et le schiste bleu.

Y aller
Conques se situe à 38 km de la gare de Rodez, d’où part une ligne d’autobus. Depuis Paris, compter 7 h 20.
Où dormir
Auberge Saint Jacques, à partir de 78 €.
À savoir
Toute l’année, le Centre européen de Conques programme des concerts et expositions.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°775 du 1 mai 2024, avec le titre suivant : Conques, grandiose ermitage

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