Comme à la maison

Le Journal des Arts

Le 4 février 2000 - 376 mots

Turin attendait depuis dix-sept ans l’ouverture du musée des arts décoratifs de la Fondation Pietro Accorsi. Une étonnante collection de mobilier et objets d’art du XVIIIe siècle occupe désormais vingt-sept pièces de l’ancienne galerie du « le roi des antiquaires », décédé en 1982.

TURIN (de notre correspondante) - L’antiquaire turinois Pietro Accorsi, surnommé “l’Empereur” par ses confrères parisiens, avait rassemblé une collection de 7 000 pièces grâce à un sens artistique inné, allié à celui des affaires. En 1935, mandaté par le Musée municipal de Turin, il avait acquis la collection Trivulzio pour un prix dérisoire au regard de sa qualité, incluant notamment les Heures du duc de Berry enluminées par Van Eyck. Son amitié avec le prince Umberto de Savoie lui a permis, dès les années trente, de devenir le fournisseur officiel en mobilier XVIIIe d’une bourgeoisie industrielle soucieuse de s’affirmer socialement, tout en rendant service à une noblesse sur le déclin. Sa fondation, dont il a fixé les statuts en 1973, doit exposer et enrichir sa collection, financer des projets de recherches, des conférences, des expositions... Le conseil d’administration, pourtant nommé par Accorsi lui-même, a dû faire face, dès la disparition de son fondateur, à des conflits d’intérêt. De plus, l’aménagement en musée du siège de la fondation, l’ancienne galerie Accorsi, nécessitait d’importantes et coûteuses opérations de restructuration. Après dix ans de travaux, vingt-sept salles ont été ouvertes, qui reproduisent à l’identique les pièces de la villa Paola, la maison-musée de l’antiquaire sur la colline de Moncalieri, dans le style “XVIIIe Accorsi”. Dans la profusion de porcelaines, d’argenterie, de luminaires, de tapisseries et autres objets d’arts décoratifs, quelques pièces phares se détachent. Ainsi, œuvre majeure de Piffetti, l’ébéniste de la Maison de Savoie, un exceptionnel buffet à deux corps plaqué de bois précieux et marqueté d’ivoire, de nacre et d’écaille, orne le salon éponyme. Réalisé en 1738 pour le mariage de Charles Emmanuel III et d’Élisabeth de Lorraine, il est très proche d’un meuble conservé au Quirinal. De même, le salon Louis XVI s’enorgueillit un buffet à deux corps piémontais, unique en son genre, couvert de panneaux de majolique de Pesaro. Parmi la quarantaine de peintures exposées, se distingue une charmante toile de François Boucher, Les Plaisirs de la vie à la campagne.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°98 du 4 février 2000, avec le titre suivant : Comme à la maison

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