Collection

Cléopâtre revient à Sarreguemines

Par Isabelle Manca-Kunert · L'ŒIL

Le 27 octobre 2025 - 436 mots

Grâce à sa campagne de financement participatif, la ville mosellane a acquis le panneau Cléopâtre d’Alexandre Sandier créé dans la commune vers 1880.

Terroir

Établissement indissociable de l’identité de Sarreguemines, le Musée de la faïence célèbre une prestigieuse histoire locale. Pendant plus de deux siècles, la sous-préfecture de Moselle a en effet abrité une prolifique manufacture. Avec plus de 3 000 ouvriers, la faïencerie a été l’une des plus importantes du genre essaimant services de table, cheminées, poêles et panneaux en carreaux de faïence à travers le monde entier. En 2007, cette aventure industrielle prend fin, mais ce patrimoine fait toujours la fierté de la commune.

Patrimonialisation

Les anciens sites de production ont été transformés en musée. Le Moulin de la Blies où étaient préparées les pâtes de céramique abrite désormais une riche collection d’outils et de machines, tandis que l’appartement du directeur de la manufacture en poste sous la IIIe République accueille de magnifiques collections qui témoignent de la grande diversité des styles proposés par Sarreguemines en matière d’art de la table et de décorations, qu’elles soient en faïence, en grès ou en porcelaine.

Enrichissement des fonds

Fondé en 1972 et labellisé « Musée de France », cet établissement enrichit régulièrement ses fonds afin de valoriser ce prestigieux patrimoine industriel et historique. Cette année, la municipalité a porté ses efforts sur une œuvre spectaculaire et emblématique de la production de Sarreguemines à la fin du XIXe siècle : la céramique d’architecture. Ce grand panneau décoratif est l’œuvre d’un des maîtres du genre, dont la cité peut s’enorgueillir de posséder une autre création remarquable, encore in situ : la décoration du casino.

Alexandre Sandier

Alexandre Sandier (1843-1916) n’est pas un inconnu pour les passionnés d’arts du feu. Formé aux Beaux-Arts, il a officié comme architecte à Chicago et New York avant de dessiner des modèles pour de grands ébénistes parisiens. Il prend ensuite la tête de la convoitée manufacture de Sèvres dont il renouvelle en profondeur la production. Il a, par ailleurs, collaboré avec Sarreguemines pour qui il a conçu cette élégante Cléopâtre dont l’esthétique raffinée et orientalisante s’inscrit totalement dans la mouvance éclectique.

« Crowdfunding »

Pour ramener Cléopâtre dans sa commune natale, Sarreguemines a dû débourser la coquette somme de 75 000 euros ; un budget considérable pour une institution municipale. Elle a donc mis en place une campagne de financement participatif mobilisant particuliers, associations et entreprises, essentiellement locales, qui a permis de lever les 2/3 du budget. Une fois acquise, la belle a bénéficié d’une délicate campagne de restauration. La reine d’Égypte trône désormais en bonne place dans le musée dont elle va certainement devenir la « Joconde ».

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°790 du 1 novembre 2025, avec le titre suivant : Cléopâtre revient à Sarreguemines

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