Musée

Bilan de santé des musées : un peu moins mauvais qu’en mai dernier

Par Lorraine Lebrun · lejournaldesarts.fr

Le 26 novembre 2020 - 793 mots

MONDE

La deuxième enquête de l’ICOM réalisée auprès de 900 musées en septembre-octobre dans le monde montre quelques signaux positifs. 

Le musée d'art contemporain de Niteroi, état de Rio de Janeiro, Brésil. © Phx de, 2005, CC BY-SA 2.5
Le musée d'art contemporain de Niteroi, état de Rio de Janeiro, Brésil.
Photo Phx de, 2005

Après avoir publié un premier rapport en mai dernier, alors que la plupart des pays sortaient d’une première phase de confinement, le Conseil International des Musées (ICOM) a réalisé une deuxième enquête mondiale auprès des musées de son réseau afin de dresser un bilan et de suivre l’évolution de l’impact de la crise sanitaire sur le monde muséal. Ce rapport de suivi analyse près de 900 réponses de musées et de professionnels des musées des cinq continents, recueillies entre le 7 septembre et le 18 octobre – c'est-à-dire avant la vague de reconfinements qui a notamment touché l’Europe.

Cette enquête montre que, contrairement à la première étude où la quasi-totalité des musées avaient fermé leurs portes, sur la période septembre-octobre, les musées des différents continents se trouvaient dans des situations bien plus diverses : la plupart des musées en Europe et en Asie sont restés ouverts, et les fermetures concernent surtout les musées d’Amérique latine et les Caraïbes. 

L’ICOM a aussi analysé la situation économique des musées liée à la structure des financements dont ils font l’objet. Si le consortium insiste sur de « profondes différences régionales dans l’impact économique attendu de la pandémie […], les chiffres sont inquiétants partout dans le monde. » Avec les fermetures et la baisse du nombre de visiteurs qui en a découlé, près d’un tiers des musées interrogés anticipent une baisse d’au moins la moitié de leurs revenus en 2020, ce qui concerne particulièrement les musées dépendants de leur billetterie.  

Sur l’impact à long terme sur les activités muséales, les réponses, tous continents confondus, révèlent que les musées anticipent une baisse des programmes publics (67 %), une réduction des expositions (62 %) et une diminution des horaires d’ouverture (50 %). Des chiffres moindres que lors de la précédente enquête, mais qui restent importants. 

6 % des musées craignent de fermer définitivement

Mais comme le souligne le rapport, c’est notamment la question de la potentielle fermeture d’un musée qui inquiète. « Bien que le pourcentage de participants ayant déclaré que leur musée pourrait fermer définitivement ait diminué de manière significative, [passant de 12,8] à 6,1 %, ce chiffre reste alarmant ». Mais sous ce chiffre se cache différentes réalités géographiques puisque si le risque perçu est faible en Europe et en Amérique du Nord, il est en revanche beaucoup plus élevée en Amérique latine et dans les Caraïbes, et grimpe jusqu’à 22 % des répondants dans les pays arabes. 
 
Globalement, le rapport souligne que les musées dépendants principalement des fonds publics semblent se trouver dans des situations un peu plus stables et résistent légèrement mieux que les autres catégories de musées (dépendants principalement de fonds privés, de leurs revenus propres ou de fonds de dotation). Mais ceux-ci sont également les moins réactifs concernant les activités numériques. En cause ? Leur manque de flexibilité pour redistribuer leur budget annuel et réorienter leurs ressources économiques et humaines. 

Le développement du numérique

L’étude souligne une hausse généralisée de l’offre en ligne. « Toutes les catégories de diffusion analysées par l’enquête [collection en ligne, expositions en ligne, événements en streaming, cours en ligne, e-bulletins, podcast, réseaux sociaux] ont augmenté dans au moins 15  % des musées du monde, un chiffre qui atteint presque 50  % si l’on considère des canaux tels que les médias sociaux, les événements en direct ou les programmes éducatifs en ligne. »

L’ICOM souligne combien la crise a contribué à changer le rapport des institutions au numérique, bousculant les usages et accélérant à marche forcée une mutation qui était déjà en marche. Les trois-quarts des musées interrogés entendent augmenter leur offre et repenser leur stratégie numérique. Mais dans la limite de leurs moyens, qui souffriront nécessairement d’un contexte économique exsangue. 

Licenciements attendus

Concernant les professionnels des musées, les chiffres témoignent de l’impact de la pandémie sur les emplois puisque dans 16,2  % des cas, au moins un quart du personnel du musée a été licencié ou mis en chômage partiel entre février et septembre 2020. Le chiffre qui s’élève à plus de la moitié du personnel pour 10,6  % des répondants. Les prévisions ne sont guère meilleures, puisque près de 31 % des musées interrogés réduiront leur personnel permanent, et plus de 46 % réduiront les contrats temporaires et les freelances.  

L’enquête pose enfin la question de la gestion de la réouverture, dans un contexte de normes sanitaires et de jauges contraintes. Les réponses révèlent que si une très grande majorité des participants ont déjà mis en œuvre ou sont prêts à mettre en œuvre des mesures de désinfection régulière, de désinfection des mains des visiteurs, de réglementation des flux et des distanciations physiques, près de 55 % des répondants ne sont en revanche pas prêts à réaliser des contrôles de températures. 
 

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque