Ballade romantique au pays de Berlioz

Réouverture du musée installé dans la maison natale du musicien à La Côte-Saint-André

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 29 août 2003 - 679 mots

Installé dans la maison natale du compositeur, à La Côte-Saint-André (Isère), le Musée Hector-Berlioz vient de rouvrir ses portes au public, après deux ans de travaux. Entièrement restauré à l’occasion du bicentenaire de la naissance du musicien, l’édifice expose selon un parcours dynamique, partitions, manuscrits autographes, photographies d’époque, portraits du maître ou instruments de musique. De quoi satisfaire à la fois les néophytes et les fans inconditionnels du musicien.

LA CÔTE-SAINT-ANDRÉ - Hector Berlioz est né le 11 décembre 1803 à La Côte-Saint-André, petite ville d’Isère située entre Lyon et Grenoble. Sa maison natale a été achetée en 1932 par l’Association des amis de Berlioz et transformée en musée quelques années plus tard. Au fil du temps, ses collections se sont considérablement enrichies. Aux pièces de mobilier et objets ayant appartenu au compositeur, sont venus s’ajouter quantité de portraits, sculptures et estampes le représentant. L’institution a notamment bénéficié de différents legs, comme celui dans les années 1960 des archives Adolphe-Boschot, biographe de Berlioz, ou, plus récemment (1981), des petits-neveux du musicien, qui ont offert plus de 300 lettres autographes. Après deux années de restauration et de rénovation, le musée dévolu au musicien rouvre ses portes au public. Sans nuire au charme de la maison d’artiste ni tomber dans la reconstitution obsolète, la scénographie a été entièrement repensée. À la fois vivant et pédagogique, le parcours est conçu comme une douce promenade dans une demeure bourgeoise du XIXe siècle. Meublée et décorée à partir de descriptions laissées par le père de Berlioz, chaque pièce révèle une des facettes du compositeur. Dans la cuisine est évoquée sa vie quotidienne, dans le grand salon, son initiation à la musique et ses premières romances, dans le petit salon/bibliothèque, sa vie intime à travers une abondante correspondance. La chambre de sa sœur Nanci constitue une sorte d’hommage post mortem, avec des mèches de cheveux sous verre, le masque mortuaire de Berlioz, les faire-part de décès ou encore l’esquisse L’Anniversaire d’Henri Fantin-Latour.

“Les deux ailes de l’âme”
Dans chacune des salles se déploient quantité de documents : portraits, huiles sur toile, estampes, gravures, photographies originales de Nadar ou Pierre Petit, sculptures, instruments de musique, manuscrits autographes. Dans la chambre de Berlioz sont présentés de manière vivante son diplôme de bachelier, un recueil de romances (1818-1822), un arrangement pour guitare, un extrait de baptême, une flûte et une guitare lui ayant peut-être appartenu… Dans le salon de musique, le visiteur peut écouter et visionner des enregistrements, extraits d’opéras, de concerts ou de films consacrés au musicien. Le dernier étage de la maison retrace l’œuvre littéraire et musical de Berlioz. De grands meubles à tiroirs permettent de découvrir, tout en les préservant de la lumière, des lettres échangées avec sa famille ou ses proches, tandis que des bornes interactives offrent la possibilité d’accéder à la bibliographie du fonds de manuscrits autographes. Celui-ci compte plus de 500 lettres et environ 60 partitions originales, dont Les Nuits d’été, Le Fleuve du Tage, Les Romances pour guitare ou encore Benvenuto Cellini annoté par Berlioz. Les écrits du compositeur sont également évoqués, notamment ses Mémoires, dans lesquelles il clamait sa passion pour la musique : “Laquelle des deux puissances peut élever l’homme aux plus sublimes hauteurs, l’amour ou la musique ? Pourquoi séparer l’une de l’autre ? Ce sont les deux ailes de l’âme.” Détail non moins émouvant : dans une vitrine est exposée la baguette de chef d’orchestre avec laquelle il dirigea Roméo et Juliette le 2 mai 1858...
Les travaux de rénovation ont également permis au musée de se doter d’un centre de documentation, d’espaces d’exposition et d’accueil des publics. Pour l’heure s’achève la dixième édition du Festival Berlioz à La Côte-Saint-André, qui a célébré en beauté les deux cents ans de son enfant chéri.

MUSÉE HECTOR-BERLIOZ

69 rue de la République, 38260 La Côte-Saint-André, tél. 04 74 20 24 88, tlj sauf mardi, 10h-19h jusqu’au 30 septembre et 10h-18h du 1er octobre au 30 mai, www.musee-hector-berlioz.com. À lire : Chantal Spillemaecker (sous la direction de), Hector Berlioz. Épisodes de la vie d’un artiste, éditions Glénat, 2003, 144 p., 45 euros.

L’année Berlioz

À l’occasion du bicentenaire de la naissance d’Hector Berlioz, la Bibliothèque nationale de France (du 17 octobre 2003 au 18 janvier 2004, site Richelieu, galerie Mazarine, Paris, tél. 01 53 79 59 59) rend hommage au musicien avec près de 305 pièces – manuscrits autographes, lettres, dessins, gravures, peintures, maquettes de décors et de costumes, instruments de musique, enregistrements sonores. Rythmé d’installations sonores et audiovisuelles, le parcours évoque à la fois le héros romantique, le compositeur, le chef d’orchestre moderne et le voyageur. Parallèlement, la bibliothèque-musée de l’Opéra (Palais Garnier) illustrera une activité spécifique de Berlioz : ses fonctions de “feuilletoniste musical”?, à travers les comptes rendus des spectacles lyriques de ses confrères ou rivaux qu’il rédigea pendant près de quarante ans.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°175 du 29 août 2003, avec le titre suivant : Ballade romantique au pays de Berlioz

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