Aurélie Clemente-Ruiz : « Raconter l’humain aussi par les sujets contemporains »

C’est vrai, en 2015, c’était la naissance d’un tout nouveau musée. Il avait été entièrement repensé autour de trois grandes questions philosophiques qui rythment le parcours : qui sommes-nous ? d’où venons-nous ? où allons-nous ? Le musée s’est donné pour mission de raconter l’humain dans toutes ses dimensions. Aujourd’hui, nous souhaitons accentuer cette identité en réaffirmant que nous sommes un musée qui raconte l’humain sur le temps long, à l’échelle de la planète, mais qui est aussi ancré dans les sujets contemporains. Le musée est engagé dans la société à travers un certain nombre de questionnements que nous allons continuer de creuser.

La question de l’identité s’est vraiment posée à l’occasion des dix ans. Le musée existe dans l’imaginaire collectif ; il a une valeur de marque et les gens ont souvent une image positive. En revanche, il leur est parfois difficile de dire ce que conserve le musée exactement.

Notre dernière étude des publics montre une nette évolution. Nous avions un public assez traditionnel d’institution culturelle parisienne, c’est-à-dire plutôt féminin, éduqué, et francilien. Or nous observons une ouverture vers un public plus diversifié, qui peut venir de plus loin et qui rajeunit. Nous avons 42 % de primo-visiteurs, ce qui est beaucoup. Cela montre que notre positionnement comme musée de société fonctionne car nos visiteurs veulent découvrir l’histoire de l’Homme et de l’humanité, mais également avoir des réponses à des questionnements contemporains. Nous pensons que ce musée peut leur apporter un pas de côté sur certains sujets complexes à aborder. Nous essayons de les accompagner dans la compréhension de notre monde au sens large. Depuis la réouverture post-Covid, notre fréquentation est également en croissance assez nette. Pour nous, c’est un bilan très positif.

Je souhaitais que l’on crée une offre spécifique pour le public familial, car la Préhistoire constitue une grande partie de notre collection et passionne les enfants. Nous avons donc travaillé sur des médiations à destination de différents âges, à partir de 5 ans, et nous avons aménagé un nouvel espace pérenne pour les enfants qui leur permet d’expérimenter la Préhistoire par le jeu.

Nous souhaitons continuer à faire évoluer la galerie permanente, car c’est essentiel pour que le musée reste vivant. C’est pourquoi nous lançons un chantier de rénovation du parcours que nous allons mener par tranches, en travaillant en site occupé. L’année prochaine, nous ouvrirons ainsi un nouveau parcours consacré au Néolithique, qui est un point de bascule fondamental dans l’histoire de l’humanité et que nos visiteurs connaissent mal. Enfin, nous attaquerons la question de la mondialisation et notamment les relations entre l’Homme et l’environnement, en traitant davantage la question de l’épuisement des ressources.