Textile

Au fil de l’art

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 23 septembre 2005 - 476 mots

Un centre de broderie pourrait voir le jour à Mirepoix pour accueillir la riche collection des époux Fruman.

 MIREPOIX (ARIÈGE) - Après un coup de foudre, lors d’une vente à Drouot, pour un délicat chaperon brodé de fils de soie datant du XVIIe-XVIIIe siècle et inspiré par la Résurrection du Christ de Tintoret, Josiane et Daniel Fruman se lancent, il y a plus de vingt ans, dans la collecte de pièces de broderie. Leur collection s’élève aujourd’hui à 150 œuvres, ornements liturgiques et tableaux brodés datant du XVe au XIXe siècle. Citons seulement la Vierge à l’Enfant assise sur un trône gothique, une chute de devant d’autel originaire de l’ensemble du Terno rico de la infancia de Jesus du monastère de l’Escorial, près de Madrid, exécutée par des brodeurs espagnols probablement au début du XVe siècle. Ou encore cette très belle chasuble du XIXe dont le fond est totalement recouvert de fils d’argent dessinant un décor gaufré duquel se détachent des fleurs en soie polychromes. La qualité de ces réalisations a permis au couple Fruman de collaborer avec les châteaux de Chambord, d’Angers et, plus récemment, en 2001-2002, avec le Musée des arts décoratifs de Paris pour l’exposition « Jouer la Lumière », où une douzaine de leurs pièces étaient présentées. L’institution parisienne souhaitait d’ailleurs acquérir la prestigieuse collection, mais, par crainte de la voir dormir dans des réserves, les Fruman se sont mis en quête d’un lieu susceptible de l’accueillir et de la faire vivre. Ils ont rapidement jeté leur dévolu sur Mirepoix, cité médiévale située non loin de Toulouse, dont le Palais épiscopal présente un écrin idéal pour les précieux textiles. Classé monument historique, l’édifice construit au début du XVIe siècle, actuellement vide, est en relativement bon état. L’essentiel des travaux concernerait l’aménagement muséographique. « On ne veut pas seulement un lieu d’exposition, mais aussi un centre d’animation avec des ateliers de broderie… Il faudrait relier l’évêché de Mirepoix au Musée du textile de Lavelanet, pour recréer une activité artisanale autour des deux musées », ambitionne Bruno Lavielle, chargé de mission pour le conseil général de l’Ariège, qui espère voir sérieusement grimper le taux de fréquentation touristique de la commune de Mirepoix – estimé à 100 000 visiteurs annuels. Les époux Fruman mettraient aussi à disposition du lieu leur bibliothèque, riche de 200 volumes (livres et catalogues) dont certains sont quasiment introuvables aujourd’hui (ainsi L’Art du brodeur de Louis de Farcy) et une banque de diapositives représentant des œuvres du monde entier. Pour ce projet estimé à 3 millions d’euros (en comptant le million nécessaire à l’acquisition de la collection), la municipalité de Mirepoix cherche activement des mécènes et tente de convaincre la Région Midi-Pyrénées de s’y associer.

Collection Fruman

- Nombre de pièces collectées : 150 - Surface d’exposition de l’évêché de Mirepoix : 400 m2 - Budget prévisionnel de l’opération : 3 millions d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°221 du 23 septembre 2005, avec le titre suivant : Au fil de l’art

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