Aménagement

Au chœur de Saint-Martin

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 7 octobre 2005 - 685 mots

Après vingt ans de travaux de restauration et de mise en valeur, la collégiale d’Angers doit rouvrir au public en juin 2006.

 ANGERS - Bel exemple d’architecture carolingienne, mais regroupant des édifices érigés du Ve au XVIIIe siècle, la collégiale Saint-Martin, à Angers (Maine-et-Loire), fait actuellement l’objet d’une vaste campagne de restauration et d’aménagement, qui devrait s’achever en juin 2006. Classé monument historique depuis 1928, cet édifice fermé au culte au XIXe siècle fut abandonné avant d’être transformé en entrepôt de livres, en magasin de bois, en réserve de tabac, puis d’être partiellement aménagé en écurie ! Un siècle pendant lequel il a subi de graves dégradations : disparition des parties hautes de la tour croisée du transept, destruction de la façade occidentale et de la nef. Dès 1835, Mérimée proposait pourtant de faire racheter ce monument « remarquable » par le département. Les vœux du célèbre inspecteur des Monuments historiques ne seront exaucés qu’en 1986, date à laquelle le conseil général de Maine-et-Loire devient propriétaire du lieu. Il acquiert également les parcelles d’immeubles construites aux XVIIIe et XIXe siècles qui cachaient l’église aux passants de la rue Saint-Martin. Ces bâtiments « parasites » sont rasés afin de réaliser un projet pour le moins audacieux. En 1992, la Commission nationale des monuments historiques décide en effet de restituer les parties manquantes de l’édifice. Opération délicate, puisqu’il faut à la fois respecter l’esthétique originelle et permettre au visiteur de distinguer l’original de la restitution. Reprenant les techniques du Xe siècle, les ouvriers ont utilisé le schiste ardoisier, le tuffeau (pierre de construction traditionnelle en Anjou) et des briques, tandis que du béton armé a été ajouté pour solidifier la structure. Après deux ans de travaux, la nef du Xe siècle et la façade occidentale (dont il ne restait que les fondations) ont été reconstruites, tout comme la charpente, en chêne, et le toit, en ardoise d’Anjou. Il reste maintenant quelques mois pour restaurer les vitraux et statues de l’église, puis pour installer un dallage en terre cuite sur plus de 900 m2…

Créer un ensemble cohérent
Tout au long du chantier, des fouilles ont pu être effectuées, sous la houlette de Daniel Prigent, responsable du service archéologique départemental de Maine-et-Loire. Les vestiges retrouvés dans la crypte remontent au Ve siècle, où fut construite la première église, surplombant probablement une voie romaine. Dès le VIe siècle, des annexes y sont ajoutées, puis une nouvelle église est érigée au VIIe siècle, comme en témoignent les parties basses des murs de la crypte. D’autres constructions transformeront définitivement l’église : au Xe siècle, élévation avec installation de la croisée de transept ; au XIe siècle, surélévation du clocher et de la nef ; au XIIe siècle, rallongement du chœur et doublement de la longueur totale, selon la mode gothique angevine ; enfin, au XVe siècle, surélévation du transept. Cette histoire, pour le moins complexe, sera détaillée au visiteur. « Nous ne voulions pas nous cantonner à la conservation d’un espace isolé, mais créer un ensemble cohérent. Dès le départ, le projet a été mené autour de la vie future du monument », précise Daniel Prigent. La crypte, dans laquelle plusieurs sépultures ont été mises au jour, sera accessible et dotée de panneaux pédagogiques. Des maquettes seront également présentées pour expliquer les différentes étapes de construction du monument. Un circuit de visite permanente, autour de thèmes comme la statuaire religieuse des XVIe et XVIIe siècles dans la nef, est d’ores et déjà prévu, ainsi que des expositions temporaires – la première, sur la peinture murale du XVe siècle –, des animations pédagogiques, des conférences, des concerts, des spectacles, des festivals...
À moyen terme, il s’agit de développer un parcours touristique dans la ville, allant du château à la collégiale, en passant par la Galerie David-d’Angers ou le Musée des beaux-arts tout juste rénové (lire le JdA no 195, 11 juin 2004).

LA COLLÉGIALE SAINT-MARTIN

- Coût total de l’opération : 9 millions d’euros - Surface de la collégiale : 1 165 m2 - Surface de la crypte : 45 m2 - Surface des locaux annexes : 785 m2 - Inauguration : 23 juin 2006

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°222 du 7 octobre 2005, avec le titre suivant : Au chœur de Saint-Martin

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