Au chevet du Kosovo

Première étape, la formation de restaurateurs locaux

Le Journal des Arts

Le 28 septembre 2001 - 550 mots

Après le conflit kosovar, le patrimoine de la région n’a été que rarement l’objet de campagnes de réhabilitation. Face à cette situation préoccupante, une équipe de spécialistes italiens a apporté son soutien aux jeunes diplômés kosovars en leur dispensant une formation aux techniques de restauration.

PEC - Quatre mois durant, la mosquée du bazar de Pec, à la frontière entre la Serbie et l’Albanie, a été le théâtre de la formation de techniciens kosovars. En effet, sous la supervision de l’Institut central de restauration à Rome (ICR) et du ministère italien de la Culture, huit d’entre eux ont bénéficié d’une formation à la restauration de peintures murales. Effectuée par des organisations non gouvernementales, dans le cadre de la rénovation de la mosquée endommagée par un incendie lors du conflit de 1999, cette initiative est la première du genre sur ces territoires. Le bilan des monuments saccagés fait état de quelque 76 églises dont 18 étaient antérieures au XIXe siècle – détruites à la dynamite ou par le feu, entre juin et octobre 1999 par les Albanais –, et près d’un tiers des mosquées ont été détruites ou endommagées pendant le conflit. Quant aux Albanais, ils dénoncent également les bombardements qui ont profondément atteint le tissu urbain des centres historiques de Pec et Gjakova, villes ottomanes depuis plus de cinq siècles. Toutefois, il faut ajouter à ce bilan des dégâts causés par certains organismes internationaux pourtant animés de bonnes intentions. Construite à la fin du XVIe siècle, la mosquée Hadum de Gjakova avait été ravagée par les Serbes en 1999. En accord avec la communauté locale, le Saudi Joint Relief Committee (le Comité de soutien humanitaire saoudien) a financé une campagne de restauration équivalente à 1,7 million de francs. Les parties endommagées ayant été entièrement détruites, la mosquée Hadum a désormais l’aspect d’une grossière reconstruction, dépouillée d’une quelconque valeur historique. Dans l’espoir de minimiser les dégâts, la communauté a fait appel à divers experts et au département de la Culture de la Minuk (Mission des Nations unies au Kosovo). Leurs protestations conjointes ont permis l’arrêt temporaire des travaux. InterSOS, association normalement engagée sur les fronts de l’urgence humanitaire, a demandé au ministère de la Culture serbe l’assistance de l’ICR. Selon Nino Sergi, secrétaire général de InterSOS, la réhabilitation des monuments symboliques de cette région peut constituer un moyen efficace de pacification. Ainsi, techniciens albanais et italiens sont intervenus de concert sur la tribune de la mosquée : en plus d’une structure indépendante, ils se sont attachés à la conservation des matériaux originaux (colonnes, chapiteaux, bases en pierres). Toujours dans cette même optique, InterSOS prévoyait de former à la restauration quelques diplômés locaux en s’appuyant sur l’exemple de frises peintes a tempera au XIXe siècle, tandis que l’ICR donnerait quelques leçons sur les principales méthodes de l’école italienne de restauration. Portant également une attention minutieuse aux grands monuments de l’église orthodoxe du Kosovo, où architecture et cycles peints témoignent de la présence millénaire du christianisme, les techniciens de l’ICR ont pris la mesure des dommages. Les communautés monastiques revendiquent non seulement avec force leur identité serbe sur des terres qui ne leur appartiennent plus, mais elles fondent aussi de grands espoirs dans le dialogue que les organisations internationales engagées dans la tutelle du patrimoine kosovar pourraient initier avec les autorités de Belgrade.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°133 du 28 septembre 2001, avec le titre suivant : Au chevet du Kosovo

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