Mécénat

Éditorial

Le grand flou du mécénat culturel

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 3 juillet 2023 - 382 mots

Mécénat. Les belles années du mécénat des entreprises dans la culture sont-elles derrière ou devant nous ? Bien malin qui pourra répondre à la question tant le flou règne dans l’évaluation de ce type de mécénat et son évolution dans le temps.

Image générée par l'intelligence artificielle Dall·E : deux hommes d'affaire échangent de l'argent dans un musée. © Dall.E
Image générée par l'intelligence artificielle Dall·E : deux hommes d'affaire échangent de l'argent dans un musée.
© Dall·E

Les seuls chiffres dont on soit sûrs sont ceux de Bercy qui comptabilise toutes les réductions fiscales demandées par les entreprises, ce qui permet à l’Admical (l’association qui promeut le mécénat) de calculer le montant des dons. Ce chiffre, celui des dons, continue à monter (2,3 milliards d’euros) mais plus faiblement, sans que l’on sache s’il monte vraiment ou s’il monte parce que de plus en plus d’entreprises demandent à bénéficier de leur réduction sur l’impôt sur les sociétés.

Quelle part de ces 2,3 milliards va à la culture ? Mystère. L’Admical semble avoir renoncé à faire ce calcul depuis 2020. À l’époque, elle l’estimait à 387 millions d’euros, sans distinguer les dons pour le patrimoine de ceux pour le spectacle vivant ou pour les expositions et les musées. On ne connaît pas non plus le pourcentage de l’argent versé directement à des projets d’intérêt général et le pourcentage versé à des fondations ou des fonds de dotations, ce qui n’est pas la même chose car les fondations valorisent d’une certaine façon les marques des donateurs.

Le mécénat culturel des entreprises n’échappe pas aux transformations de la société. D’un côté, une partie de l’opinion publique s’émeut de plus en plus de l’éthique des donateurs comme on l’a vu avec Sackler et l’ex-British Petroleum et, de l’autre, les entreprises privilégient davantage les secteurs de la santé, du social et de l’éducation qui constituaient 67 % du montant des dons en 2018 selon l’enquête précitée de l’Admical.

Mais au fond, le plus déterminant pour ces donations reste la situation économique générale et la santé financière des entreprises. Ainsi, dans le domaine du luxe, tant qu’une entreprise comme Chanel, par exemple, continue à dégager un bénéfice de 4,6 milliards de dollars (en 2022), les 25 millions d’euros qu’elle va donner au Grand Palais pour sa rénovation (en réalité, 10 millions avec la réduction fiscale) pèsent peu dans ses comptes. Mais si le marché se retourne pour une raison ou une autre, le flux va se tarir. Le raisonnement s’applique aussi et peut-être plus encore aux PME dont les opérateurs culturels espèrent beaucoup.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°614 du 23 juin 2023, avec le titre suivant : Le grand flou du mécénat culturel

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