Mécénat

Le mécénat culturel doit conquérir les entreprises de taille moyenne

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 20 décembre 2022 - 651 mots

Le « Baromètre » annuel de l’Admical relève une stabilisation relative du mécénat culturel des entreprises et un désinvestissement des moyennes entreprises.

Le Baromètre du mécénat d’entreprises en France de l’Admical 2022
Le Baromètre du mécénat d’entreprises en France de l’Admical.
© Admical, 2022 2022

France. Publié le 24 novembre dernier, le Baromètre du mécénat d’entreprises en France de l’Admical (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial) analyse les données fiscales de l’année 2020 : un exercice marqué par la crise sanitaire et l’adoption de la réforme du mécénat (baisse de la déduction fiscale de 60 % à 40 % pour les gros dons, plafond alternatif porté à 20 000 euros au lieu de 0,5 % du chiffre d’affaires pour les petites entreprises). Malgré ce contexte mouvant, le Baromètre veut lire dans les chiffres une tendance stable, voire encourageante. Bien que le nombre total d’entreprises mécènes décline pour la première fois en une décennie (105 000 entreprises contre 109 000 au plus haut, en 2019), la somme globale des dons déclarés demeure stable, autour de 2,3 milliards d’euros.

Un don médian à 7 500 euros

Pour le secteur culturel, certains indicateurs sont rassurants : ainsi, la part des entreprises mécènes intervenant dans un projet culturel a augmenté de 11 points par rapport à 2019. Ce sont 37 % des entreprises déclarantes qui sont ainsi impliquées dans le mécénat culturel, un chiffre qui monte à 50 % pour les grandes entreprises. En revanche, le don médian a diminué de quelques centaines d’euros, pour s’établir à 7 500 euros. Cette baisse est imputable aux entreprises de taille moyenne, qui ont réduit le montant de leur mécénat culturel, à l’inverse des très petites comme des très grandes entreprises. « C’est l’enseignement que l’on tire de ce Baromètre, explique Léa Morgant, cheffe de la mission mécénat au ministère de la Culture. On note une polarisation sur les petits et gros budgets, avec, pour deux tiers des dons, un montant en dessous de 10 000 euros par an, et une augmentation des dons au-delà de 2 millions d’euros. L’intermédiaire reste à développer. » Ce désinvestissement des entreprises de taille moyenne est un enjeu, puisque sur les chiffres globaux du mécénat celles-ci sont la seule catégorie à présenter des chiffres en augmentation, à la fois en nombre d’entreprises et en montant des dons consacrés au mécénat. Réunissant les entreprises au chiffre d’affaires compris entre 50 millions et 1 milliard d’euros, cette catégorie plébiscite les actions de mécénat renforçant leur ancrage local, et cohérente avec leurs activités, selon l’enquête menée par l’Admical.

Parmi les actions culturelles bénéficiant du mécénat d’entreprise, la diffusion d’œuvres (spectacles, concerts, expositions) et la sauvegarde du patrimoine (immatériel ou bâti) sont les deux plus représentées, et sont en progression par rapport aux chiffres de 2019. L’éducation artistique et culturelle comme le soutien à la création sont en stagnation. Concernant les domaines aidés, le spectacle vivant et la musique se trouvent loin devant (respectivement 48 % et 45 % du total des mécènes de la culture), suivis par le patrimoine bâti (31 %) et les arts visuels (25 %).

Le Baromètre est fondé sur les déclarations volontaires d’une cohorte représentative. « Le Baromètre est précieux car il donne des tendances. Il s’appuie sur des échantillons représentatifs : 190 entreprises dont 67 qui financent la culture, rappelle Léa Morgant. Il est difficile à ce jour d’avoir une vision exhaustive du mécénat culturel, la base de données qui vient de l’administration fiscale n’étant pas sectorisée. Il y a un vrai effort engagé avec Bercy pour travailler sur les nouvelles données, et avoir un regard plus précis sur les fonds globaux. »

Pour l’heure, les seules données fiables sur lesquelles la mission mécénat peut travailler sont celles des opérateurs publics directement rattachés au ministère. Ceux-ci ont subi une baisse d’un tiers des revenus liés au mécénat au cours de la première année de la crise. Malgré une stabilisation puis une remontée des dons en 2021-2022, « il est encore trop tôt pour tirer un bilan de l’ensemble de la période », estime Léa Morgant : le contexte, comme les comportements des mécènes qui en découlent, restent instables.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°601 du 16 décembre 2022, avec le titre suivant : Le mécénat culturel doit conquérir les entreprises de taille moyenne

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque