Design

Le Maharadjah d’Indore et la modernité

Par Armelle Malvoisin · L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 421 mots

De 1930 à 1933, au Madya Pradesh, en plein cœur de l’Inde, s’est érigé un somptueux palais qui fut une des réalisations modernes emblématiques.

Son commanditaire est Yeshwant Rao Holkar Bahadur, issu de la dynastie des Holkar, fondatrice de l’État d’Indore en 1733.

Le prince est étudiant à Oxford en Grande-Bretagne dans les années 1920 et voyage beaucoup en Europe à cette période. Il a vingt-cinq ans lorsqu’il devient maharadjah en 1930. Épris de modernité, il demande en 1929 à l’architecte berlinois Eckart Muthesius, âgé de vingt-quatre ans, de transformer son palais, alors en construction. Le souverain veut en faire une vitrine de la modernité. Ce sera l’œuvre maîtresse de la carrière de Muthesius qui fait appel à près de vingt créateurs pour l’aménagement intérieur.

Beaucoup de pièces importantes créées pour ce palais sont devenues aujourd’hui des archétypes de la modernité : la paire de fauteuils en cuir synthétique rouge avec lampes intégrées ainsi que les lampadaires de la salle de bal et de la chambre de la maharani, conçus par Muthesius. Mais aussi le lit en duralumin de la chambre du maharadjah par Sognot et Alix, les tapis variés de Ivan Da Silva Bruhns, le bureau et son siège par Ruhlmann, la chaise longue cosignée Le Corbusier, Jeanneret et Charlotte Perriand, la chaise transat d’Eileen Gray ou encore le lampadaire de Jean Perzel.

Une quarantaine de photos d’époque présentées à la galerie Doria témoignent de cette grande démonstration de modernité que fut le palais du Maharadjah d’Indore, le premier en Inde à être équipé d’un système de climatisation. « Le projet, qui unissait l’esprit technique du Bauhaus, le confort à l’anglaise et le faste d’un palais indien, constituait un enjeu et un événement tellement considérables à l’époque que, dans le même temps, les pièces conçues pour le palais furent exposées respectivement à Paris et à Berlin avant d’embarquer à Hambourg sur trois bateaux affrétés pour l’Inde », souligne le galeriste Denis Doria.

C’est Emil Leitner qui photographie les meubles à l’exposition de Berlin tandis que Man Ray réalise les portraits du maharadjah et de la maharani. À l’achèvement des travaux en 1933, Muthesius prend une importante série de clichés sur le palais.

Réunis par le galeriste, ces tirages originaux, à la fois documents historiques et œuvres d’art, sont proposés à partir de 8 000 euros.

« Le palais du maharadjah d’Indore, Photographies : Man Ray, Emile Leitner, Eckart Muthesius », galerie Doria, 1, rue des Beaux-Arts, Paris VIe, tél. 01 43 25 43 25, du 15 septembre au 18 novembre.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Le Maharadjah d’Indore et la modernité

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque