Diane Arbus

« Conte » à rebours

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 2 août 2007 - 412 mots

Au cinéma, la sortie d’un film monographique crée presque toujours une mini-onde de choc dans l’édition. À l’affût, les éditeurs profitent de l’opportunité (trop belle) pour enrichir leur catalogue d’ouvrages appropriés. Les lecteurs, de leur côté, voient dans ces parutions sur un même thème l’occasion d’approfondir le film et de renouer avec un genre qu’ils plébiscitent : la biographie. Et tout le monde d’être satisfait.

Bosworth, Roegiers : le choix du roi
À l’affiche en janvier dernier, Fur, un portrait imaginaire de Diane Arbus, du réalisateur Steven Shainberg, avec Nicole Kidman dans le rôle de Diane (prononcer Deeyaan), n’a pas dérogé à la règle. Depuis le film, deux ouvrages trônent fièrement sur les tables des libraires : Diane Arbus, une biographie de Patricia Bosworth (Seuil) et Diane Arbus ou le rêve du naufragé de Patrick Roegiers (Perrin). Entre les deux, pas question de choisir tant Bosworth et Roegiers  se complètent ; la première dresse la biographie d’une femme devenue photographe, tandis que le second analyse l’œuvre d’une photographe devenue mythique.
Patricia Bosworth a mené une enquête sérieuse et documentée sur la vie de Diane Nemerov, épouse Arbus. À partir d’entretiens avec les membres de sa famille, ses intimes et ses amis (Howard Nemerov, Alexander Eliot, Marvin Israel, etc.), la journaliste et biographe américaine révèle quelques-unes des clés du mystère Arbus.
« Je suis née en haut de l’échelle sociale, dans la bourgeoisie respectable, a dit un jour la photographe, mais depuis, j’ai fait tout ce que j’ai pu pour dégringoler. » De fait, il s’agit bien d’une chute amorcée le jour de sa naissance en mars 1923 dans une famille juive aisée – son père possédait les grands magasins de vêtements de luxe Russeks à New York (fur signifie fourrure en anglais) – et achevée dans une baignoire en juillet 1971, les veines tailladées. Patrick Roegiers parle même d’un « conte à rebours » pour cette fée dépressive qui entreprit, après un début de carrière prometteur dans la mode, de photographier les « autres » : monstres de foire (les freaks), nudistes, handicapés, travestis… Avec beaucoup de frontalité et de force.
Sans doute le réalisateur Steven Shainberg rend-il donc un bel hommage à la photographe en dressant un portrait imaginaire sur le mode du conte. Comme un remake de La Belle et la Bête…

• Patricia Bosworth, Diane Arbus, une biographie, éditions du Seuil, 448 p., 22 €. • Patrick Roegiers, Diane Arbus ou le rêve du naufragé, Perrin, 290 p., 18,50 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : Diane Arbus

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