La chorégraphe américaine Lucinda Childs n’a jamais cessé d’élargir le vocabulaire de la danse. Après cinquante créations, elle poursuit son travail, jusqu’à se produire sur scène.
Danse - Il y a comme un parfum d’une époque presque révolue qui flotte sur le spectacle proposé par Lucinda Childs, qui compte quatre pièces, dont l’une est un solo de la chorégraphe, 84 ans, d’une grâce bouleversante sur le plateau. Lucinda Childs est fortement associée au groupe du Judson Dance Theater de New York des années 1960. Un endroit particulièrement créatif, qui réunissait danseurs, chorégraphes et artistes comme Jasper Johns, John Cage, Robert Morris, Sol LeWitt ou encore Robert Rauschenberg, et qui tournait le dos aux conventions théâtrales de la danse en utilisant des mouvements ordinaires comme la marche ou la course. « C’était comme l’envie des plasticiens de sortir du cadre de la toile et de s’attacher à un travail plus conceptuel », écrit-elle sur cette période. Cette volonté se concrétise particulièrement ici avec le solo Geranium’64 (d’après Geranium créé en 1965), qui travaille sur les mouvements des sportifs lors d’un match de football américain. La chorégraphe elle-même, sur un fond vidéo un peu brouillé et une bande-son riche d’extraits radiophoniques de commentateurs sportifs, déploie son vocabulaire chorégraphique au ralenti, se tenant à une chaîne, en intégrant les chocs, les chutes, les mêlées et les courses des joueurs. Mention spéciale pour la dernière pièce, Distant Figure. La musique est signée du compositeur minimaliste Philip Glass, avec qui Lucinda Childs entretient une relation forte depuis qu’elle a créé, dans une mise en scène de Bob Wilson, la chorégraphie de l’opéra d’avant-garde Einstein on the Beach (1976). L’influence du chorégraphe Merce Cunningham, qui décorrélait la danse du rythme de la musique, privilégiant l’intériorité de l’interprète, est particulièrement sensible dans cette pièce finale. Sept danseurs flottent entre les vagues sonores de Glass, dans une simplicité de gestes et de mouvement qui dissimule parfaitement son incroyable complexité.
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Sortir du cadre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : Sortir du cadre