Royaume-Uni - Restitutions - Ventes aux enchères

Une tribu Maori demande à Sotheby's de lui restituer des reliques

Par Alexandre Clappe · lejournaldesarts.fr

Le 13 janvier 2023 - 386 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

La tribu explique qu'il ne reste qu'une poignée de ses taonga, ou trésors culturels, après les pillages de l'époque coloniale.

Mere, massue sculptée en pierre verte pounamu, art Maori. © Sotheby's
Mere, massue sculptée en pierre verte pounamu (jade), art Maori.

Une tribu Maori de Nouvelle-Zélande demande la restitution de reliques précieuses mises en vente par Sotheby's. Datant des XVIIIe et XIXe siècles, certaines sont considérées par les populations locales comme des taonga (trésors) essentiels qui doivent être restitués. 

Ngārimu Blair, président adjoint du peuple Ngāti Whātua Ōrākei, a justifié cette demande en expliquant que la tribu n'avait plus qu'une poignée d’objets importants, la plupart ayant été perdus lors de vagues successives de pillage, d'urbanisation et de déplacement des populations autochtones de Nouvelle-Zélande.

Les enchères de Sotheby's, qui se terminent le 19 janvier, comprennent notamment une massue sculptée en pierre verte pounamu, appelée « mere ». À l'origine, il a été donné par le chef Ngāti Whātua Pāora Tūhaere à un vice-amiral britannique en 1886, à condition qu'il reste dans la famille du militaire, selon un article d’un journal de l'époque. Comme le mere est maintenant hors des mains de la famille, il devrait être rendu, a déclaré Ngārimu Blair, et la tribu espère qu'un futur acheteur envisagera de le rapatrier.

Sotheby's a par le passé vendu un certain nombre d’objets Maori de grande valeur, dont certains de provenance inconnue. En 2019, une sculpture tekoteko (figure humaine) Arawa a été vendue pour 740 000 dollars (680 000 euros). La description de la vente indiquait qu'il s'agissait d'une « sculpture Maori majeure », mais précisait qu'elle n’avait « aucune trace de sa provenance originale ». En 2014, la vente d'une statue Pou whakairo (sculpture féminine au visage tatoué) pour un peu plus d’1 million d’euros a suscité la controverse en Nouvelle-Zélande, des universitaires et des autorités tribales demandant au gouvernement d'œuvrer pour son retour.

En Nouvelle-Zélande, le commerce des trésors culturels Maori antérieurs à 1980 est désormais réglementé, et ils ne peuvent être exportés ou vendus sans enregistrement ou autorisations spéciales - mais ces lois ne s'appliquent pas aux juridictions étrangères.

Parmi les autres objets néo-zélandais vendus par Sotheby's cette semaine à Londres figurent un bâton Tewhatewha et les restes d'oiseaux néo-zélandais extrêmement rares - les os des pattes d'un moa de quatre mètres de haut, aujourd'hui disparu, et une broche fabriquée à partir du bec d'un huia, un oiseau à caroncule que l'on croyait éteint depuis 1907.

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