Parcours

Un Carré qui tourne rond

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 12 mai 2010 - 534 mots

Organisée du 27 au 30 mai, la manifestation annuelle orchestrée
par le Carré Rive Gauche défie la morosité actuelle.

PARIS - Alors que la crise touche de plein fouet les Puces et d’autres regroupements d’antiquaires, le Carré Rive Gauche, entre Saint-Germain-des-Prés et le Musée d’Orsay à Paris, conserve son allant malgré de nombreuses fermetures. Les objets extraordinaires sont certes rarissimes. Mais l’événement annuel, organisé du 27 au 30 mai, n’a rien d’un cache-misère. « Le Carré reste une adresse, défend William Vonthron, son président. Lorsque les galeries ferment, elles sont reprises. » Le marchand en arts primitifs Alain Bovis a ainsi pris pied dans l’ancien espace d’Éric Allard. Mathieu Sisman a repris les murs de Marc Richet, tandis que Les Menus Plaisirs ouvrent dans les précédents locaux de Flore de Brantes. Le courtier Bruno Jansem s’installe aussi au 50, rue de Lille. Le quadrilatère est tellement attractif que le marchand David Prot occupe provisoirement l’espace de Marie Watteau, laquelle prend une année sabbatique.

« En termes d’image, on est considéré autrement lorsqu’on a un espace dans le Carré plutôt qu’aux Puces, où finalement on est anonyme. Aujourd’hui, les Puces sont davantage un marché de décoration que d’antiquités », constate le jeune galeriste, qui présentera, à l’occasion de l’événement, un lampadaire Arts & Crafts japonisant. Gilles Linossier a, lui, quitté le Louvre des antiquaires, dont le gestionnaire voulait transformer sa galerie en ascenseur, pour le quai Voltaire. « Au Louvre, j’étais le seul antiquaire à faire du XVIIIe siècle, j’avais besoin d’un endroit où se trouvent d’autres spécialistes comme moi », indique le marchand, qui prévoit de montrer un meuble à combinaison de Canabas.

Son voisin, Pierre-Olivier Chanel, a aussi rejoint le quai en septembre dernier, au terme d’une longue expérience à New York. Après avoir ouvert des showrooms à Londres, Moscou et Istanbul, la galerie De Gournay accroche désormais ses papiers peints contemporains rue des Saints-Pères, signe que Paris garde de son attractivité, même pour une société britannique. Reste à voir si l’ouverture de l’ancien hôtel des Douanes, regroupant des marques de luxe comme Bompard, ne fera pas grimper les loyers du quartier de manière dissuasive…

Quoi qu’il en soit, les marchands du Carré affichent un seul mot d’ordre : positivons ! « Les affaires sont difficiles, mais ceux qui se donnent la peine et prennent des risques s’en sortent. Les transactions sont plus longues, mais le plus dur est derrière nous », affirme Olivier Delvaille, qui expose un bouquet de mimosas par Louis Valtat.

La galerie Chevalier reste dynamique et s’adapte aux goûts actuels. Elle propose ainsi une exposition d’un peintre cartonnier des années 1970, Robert Wogensky. C’est aussi une exposition spécifique que prévoit la galerie Arthème avec soixante œuvres sur papier de Christian Bérard. Pour Pierre-Olivier Chanel, la seule façon de déjouer la crise, c’est de pratiquer des prix raisonnables et une totale transparence. « Si l’on veut vendre, il faut réduire au minimum les marges, observe-t-il. Il vaut mieux gagner 25 % sur dix objets que 100 % sur une ou deux pièces. »

CARRÉ RIVE GAUCHE, du 27 au 30 mai, galeries du 7e arrondissement,Paris, www.carrerivegauche.com, le 27 mai 17h-23h, les 28 et 29 mai 11h-21h, le 30 mai 11h-18h

CARRÉ RIVE GAUCHE

Président : William Vonthron

Nombre de participants : 100

Cotisation : 1 200 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°325 du 14 mai 2010, avec le titre suivant : Un Carré qui tourne rond

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