Royère déçoit

Les acheteurs sont très sélectifs

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2000 - 535 mots

Malgré quelques très fortes enchères qui marquent l’engouement croissant pour le mobilier des années quarante et cinquante, la vente Royère, organisée le 10 mars à Drouot Montaigne par le cabinet Camard, conjointement avec l’étude Millon, n’a pas connu le succès de la dispersion Ruhlmann il y a cinq mois. Moins de 70 % des pièces proposées ont trouvé preneur, pour un produit total de 6,5 millions de francs.

PARIS - Chemin faisant, la cote de Royère a poursuivi son ascension devant une salle pleine à craquer. Les plus fortes enchères sont allées aux pièces illustrant le mieux le style du créateur, fait de gaieté et de fantaisie : en tête, le lampadaire “liane” aux folles ondulations (355 000 francs), la table basse “flaque d’eau” en placage de chêne et chêne massif (55 000 francs), les trois fauteuils “boule” recouverts de soie sauvage rouge aux rondeurs généreuses (290 000 francs) et le canapé “ours polaire” (254 000 francs). Plusieurs sièges, privés de leur revêtement d’origine en velours pelucheux, ont pourtant trouvé preneur à des prix dépassant leurs estimations. Les luminaires ont également fait l’objet de belles batailles d’enchères, comme en témoignent les 250 000 francs payés pour un vase de forme balustre qui a triplé son estimation haute. Autre résultat étonnant, les 230 000 francs obtenus par une salle à manger en placage de chêne blond, contre une estimation de 40 000 francs. Groupés au fond de la salle, les marchands français – Jacques Lacoste, Philippe Jousse et François de Beyrie en tête – n’ont pas boudé la fête, n’hésitant pas à pousser les enchères afin de ramener dans leur besace quelques belles pièces, telle une table console “tour Eiffel” recouverte de marbre rose, adjugée 120 000 francs, qui ira rejoindre une galerie de la rue de Lille. Des enchères qui n’ont plus rien à voir avec celles de la vente de la collection de la Baronne de M., dispersée en juin 1994 par l’étude Néret-Minet, qui comprenait une vingtaine de pièces du créateur. Une applique murale en fer forgé avait été enlevée à 5 500 francs, trois tables gigognes en fer forgé à 22 000 francs et une table basse, également en fer forgé, à 25 000 francs. C’était il y a sept ans. “J’ai vendu un canapé Ours polaire environ 5 000 francs au milieu des années soixante-dix et une lampe balustre autour de 1 500 francs”, se souvient Yves Gastou, qui était alors marchand à Toulouse.

La réussite aurait été totale si plusieurs pièces de moindre qualité n’avaient pas découragé les bonnes volontés. Un petit bureau de chambre en placage de chêne et chêne massif blond, dont les spécialistes n’ont pas trouvé trace dans les archives Royère du Musée des arts décoratifs, et une table “Scotch club” appartenant à un ensemble produit au Liban et importé pour la vente n’ont pas trouvé preneur. Au total trente-deux pièces n’ayant pas atteint leur prix de réserve ont dû être ravalées, parmi lesquelles une petite applique demi-corbeille en fer forgé (32 000 francs), une paire de fauteuils de repos modèle “écusson” (70 000 francs) et un canapé d’angle (85 000 francs). Prochain rendez-vous le 6 avril, à Londres, où Sotheby’s proposera quelques créations de Jean Royère.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°102 du 31 mars 2000, avec le titre suivant : Royère déçoit

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