Galerie

Robert Combas / Jean Pierre Raynaud. Face à face

Par Amélie Adamo · lejournaldesarts.fr

Le 21 novembre 2023 - 558 mots

PARIS

La galerie Strouk réunit dans un étonnant face à face le travail de ces deux artistes aux univers très différents.

Sous le titre « Peinture », l’exposition se déploie dans les deux espaces de la galerie Strouk. Son parti pris est audacieux. Mettre en perspective deux artistes rassemblés ici autour de la peinture mais dont les approches sont très différentes. D’un côté des peintures récentes de Robert Combas où l’on retrouve son univers foisonnant dans une pratique picturale très expressive, pulsionnelle, corporelle. De l’autre des œuvres plus anciennes de Jean Pierre Raynaud, datant de 2007 à 2009, où l’artiste interroge conceptuellement l’« objet » peinture : les colonnes totémiques de palette de couleurs, les signalétiques et peintures "Avis", les pots de peintures. 

Différents les deux artistes ? Oui très clairement. Ils appartiennent à des familles distinctes. Mais comme le souligne la directrice Marie Strouk « cette différence n’empêche nullement un respect mutuel entre les deux artistes, une ouverture d’esprit, une connaissance de l’œuvre et du talent de chacun ». Robert Combas et Jean Pierre Raynaud s’apprécient depuis longtemps et se collectionnent mutuellement. Cette relation amicale a bien sûr été alimentée par le fait que les deux artistes sont représentés par la galerie Strouk depuis 2011-2012, ce qui a contribué à une attention réciproque portée au parcours de chacun. 

C’est par l’intermédiaire d’Art Press et de Catherine Millet que Robert Combas découvre le travail de Jean Pierre Raynaud. A ses débuts, Robert Combas s’intéresse au côté mental et conceptuel de l’art du détournement de Jean Pierre Raynaud, ainsi des Psycho-Objets : cet aspect l’interpelle justement parce qu’il est très différent de sa propre pratique picturale, plus instinctive et viscérale. 
Une rencontre réussie. 

C’est par cette différence que la rencontre fonctionne. Sans dialogue forcé qui mélangerait les œuvres, l’accrochage met en avant et respecte l’univers singulier de chacun tout en ouvrant aux libres échos. La peinture se donne à voir et à sentir, à penser et à goûter, dans ce qui fait ses diverses facettes. Les clins d’œil plein d’humour et d’amour à la peinture résonnent d’une œuvre à l’autre. Tout comme les couleurs de Robert Combas jouent visuellement avec celles de Jean Pierre Raynaud. 

Ces nouveaux tableaux de Robert Combas étaient très attendus par ses admirateurs. Ils synthétisent tout ce qui fait la force de l’artiste : son talent de coloriste, son travail sur les fonds, son goût du portrait qui revient ici à l’aune de narrations complexes où l’on retrouve ses thèmes fétiches comme le nu ou les batailles. 

Les prix de ces nouvelles peintures s’échelonnent entre 40 000 et 150 000 euros pour les plus grands formats. Quant à Jean Pierre Raynaud la fourchette se situait entre 7 500 euros (pour une pièce unique de pot de peinture de 10 litres) et 90 000 euros (pour les plus grandes pièces comme les palettes de couleurs fluos en arc en ciel). 
L’exposition a eu une belle fréquentation, au vernissage, pendant l’exposition et lors de la signature du catalogue publié à cette occasion. Côté vente. Jean Pierre Raynaud a bénéficié, entre autres, d’un intérêt des institutions. Robert Combas a profité du soutien fidèle de ses nombreux collectionneurs (français et européens mais aussi asiatiques). La grande popularité de ce peintre français contraste avec le manque injustifié de soutien de son œuvre par l’institution nationale, en termes d’achats et d’expositions. 
 

Thématiques

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque