Foire & Salon

FOIRE INTERNATIONALE DE PHOTOGRAPHIE

Paris Photo 2023 voit la vie en rose

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 16 novembre 2023 - 786 mots

PARIS

Les collectionneurs ont répondu présent lors de cette édition qui faisait preuve d’innovation, avec des stands de qualité muséale et des duos de marchands.

Paris. Paris Photo s’est achevée le 12 novembre sur une fréquentation de « 65 000 visiteurs contre 61 000 en 2022 », selon ses organisateurs, soit un chiffre en hausse de plus de 6 %, mais encore en deçà du niveau de fréquentation de 2019 (70 000 visiteurs), où l’édition s’était tenue pour la première fois au Grand Palais éphémère. Ils ont pu apprécier, à l’entrée de Paris Photo, sur le stand de la Galerie RX (Paris), le polyptyque photographique de Pascal Convert ; celui-ci regroupe 15 panneaux formant une vue panoramique de la falaise de Bâmiyân aux trois Bouddhas géants dynamités par les talibans en 2001. La pièce, 4e édition sur 5, a été acquise pour 265 000 euros par le Museum of Fine Arts de Houston (Texas).

Comme à l’accoutumée, la foire n’a pas manqué de pièces exceptionnelles ou rares, tant du XIXe siècle que du XXe ou XXIe siècle – et elles ont trouvé acheteur. Dès l’ouverture, la deuxième version de la maquette originale de A Dialogue with Solitude de Dave Heath, livre marquant des années 1960, développé ici sur tout un mur du stand de la galerie new-yorkaise Howard Greenberg, a été acquise pour 200 000 euros. Julian Sander, également spécialisé dans la photo historique, se montrait tout aussi satisfait de cette édition qui, à la différence de l’an dernier, s’est soldée pour le galeriste de Cologne (Allemagne) par un résultat plus que positif, de même que pour Rolf Art (Buenos Aires) ou MEM (Tokyo).

Le solo show de Grete Stern (1904-1999) présenté sur le stand de la galerie Julian Sander à Paris Photo 2023 © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Le solo show de Grete Stern (1904-1999) présenté sur le stand de la galerie Julian Sander à Paris Photo 2023.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Le succès des stands associant deux galeries

Les institutions, sociétés d’amis et collectionneurs américains, toujours très attendus compte tenu de leurs moyens financiers, étaient bien plus nombreux que l’an dernier. Les Européens aussi. Les achats ou promesses d’achat ont varié d’une galerie à l’autre, de même que la répartition entre collectionneurs français et étrangers. À l’heure où la foire refermait ses portes, il y avait les plus-que-satisfaits, les satisfaits, les moroses et ceux qui repartaient sans avoir remboursé leurs frais de stand, plus nombreux dans le domaine contemporain. Les moroses évoquaient la guerre entre Israël et le Hamas qui pèse sur l’état d’esprit de leurs collectionneurs, rendus peu enclins à acheter. D’autres mentionnaient le succès rencontré et les entrées dans les collections ou les projets d’exposition, envisagés pour des artistes comme Laurent Goldrin à la Galerie Maubert (Paris) ou Guénaëlle de Carbonnières chez Binome, deux artistes pour la première fois présentés dans le cadre de Paris Photo.

Pour leur première participation à Paris Photo, la 193 Gallery (Paris), venue avec des œuvres de Hassan Hajjaj, et la galerie Bacqueville (Lille), avec Thomas Devaux et David De Beyter, se montraient plus que ravies. Hans P. Kraus Jr. (New York) et Jean-Kenta Gauthier (Paris) faisaient dialoguer de leur côté photographes du XIXe siècle et artistes contemporains ; un stand commun de qualité muséale dont le résultat a été au-delà des attentes des marchands en matière de ventes et de projets d’exposition.

Autre association entre deux galeries, Louise Alexander et Fellowship, toutes deux basées à Los Angeles, présentaient des œuvres historiques et d’autres inédites d’artistes digitaux tels que Elman Mansimov, Alkan Avcioglu ou Simon Raion. Leur stand, qui a remporté un vif succès, constituait un intéressant contrepoint aux propositions des neuf galeries sélectionnées pour le nouveau secteur digital. Ce dernier suscitait également beaucoup de curiosité de la part des visiteurs, encore peu familiers de ce domaine. L’Avant Galerie Vossen (Paris) ou la galerie berlinoise Nagel Draxler se sont montrées ainsi satisfaites de la couverture médiatique dont a bénéficié la foire, des contacts noués avec des institutions européennes et des ventes réalisées.

Cette année, le secteur « Curiosa », qui a gagné en qualité, en présentation et en circulation dans l’espace, a suscité lui aussi beaucoup d’intérêt. Ont rencontré ici de beaux succès de vente un certain nombre de galeries telles qu’Anne-Laure Buffard Inc. (Paris) avec Nhu Xuan Hua et In Situ-Fabienne Leclerc (Paris) présentant Constance Nouvel, deux galeries qui pourraient candidater l’année prochaine dans le secteur principal de Paris Photo. Le retour de la foire au Grand Palais en 2024, avec bien plus de surfaces qu’auparavant (21 000 m2 au total), devrait s’accompagner d’un développement du secteur « Curiosa » comme de celui des éditeurs. L’activité de ces derniers participe de façon non négligeable à la fréquentation de Paris Photo, mais aussi à son ouverture vers d’autres genres comme le documentaire, un quasi absent de la foire jusque-là.

L’organisateur de la foire, RX France, le sait bien : son succès marchand tient à sa capacité à renouveler l’offre tout en maintenant un haut niveau de qualité, quels que soient le genre et l’époque.

Paris Photo 2023 au Grand Palais éphémère © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Paris Photo 2023 au Grand Palais éphémère.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°621 du 17 novembre 2023, avec le titre suivant : Paris Photo 2023 voit la vie en rose

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