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Parcours des mondes, le contemporain se fortifie

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2025 - 595 mots

La montée en puissance de l’art contemporain dans l’édition 2025 laisse entrevoir un possible renouvellement du public.

Paris. Le Parcours des mondes, qui s’est tenu dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés du 9 au 14 septembre, a confirmé son rôle de rendez-vous majeur des arts premiers, tout en accentuant cette année la présence du contemporain. Une orientation voulue par son directeur, Yves-Bernard Debie, soucieux d’attirer de nouveaux collectionneurs.

Dès le vernissage, les galeries ont noté une affluence soutenue, supérieure aux trois dernières années, selon Julien Flak. Le marchand, qui avait noué une collaboration exclusive avec Crosby Studios et son fondateur Harry Nuriev – figure de la scène du design – souligne l’apport de visiteurs venus de la Paris Design Week. « Beaucoup ont découvert les objets comme des pièces de design. » Leurs regards se sont portés sur des objets de type massue ou pilon. Parmi sa douzaine de ventes figurait une effigie Malagan de Nouvelle-Irlande, ex-collection Roberto Matta, cédée dès le premier jour pour un prix au-delà de 50 000 euros. Flak a aussi séduit un public nouveau en vendant une parka inuit à des acheteurs étrangers à l’art tribal.

« Un mélange vital »

Chez Alain Lecomte, qui associait des œuvres africaines classiques et trois sculptures de l’artiste contemporain Jim Skull – dommage qu’il n’en ait pas présenté davantage –, la juxtaposition a suscité la curiosité, faisant « ricocher » l’intérêt sur ses pièces traditionnelles. Sa pièce phare, une rare Mère à l’enfant Dayak, Bornéo (XIXe siècle), proposée autour de 15 000 euros, a retenu l’attention.

La porosité entre ancien et contemporain s’est particulièrement illustrée sur le stand de Bruno Claessens (Duende Art Projects, Anvers), qui confrontait douze figures de reliquaires Kota du Gabon (60 000 à 240 000 €) aux œuvres de l’Autrichien Franz West ([1947-2012], autour de 100 000 €). « Certains collectionneurs venus pour West ont découvert les kota, et inversement », souligne-t-il. Partisan du décloisonnement, Bernard Dulon estime que « le mélange est vital. Cela amènera, à un moment ou à un autre, un autre public. On entrevoit déjà un début de renouvellement ». Son exposition consacrée à la collection Max Itzikovitz lui a permis de rencontrer de nouveaux collectionneurs, notamment américains. Ses ventes, pour des montants compris entre 5 000 et 50 000 euros, correspondent à la gamme habituelle du Parcours.

Chez Magnin-A, spécialisé en art contemporain africain, Philippe Boutté présentait le duo d’artistes Seyni Awa Camara et Estevão Mucavele. Il a réalisé six ventes, avec des peintures entre 12 000 et 18 000 euros et des sculptures à partir de 45 000 euros. Le profil des acheteurs relevait surtout du champ contemporain, même si un nouveau collectionneur a été séduit. Le galeriste estime que ce type d’offre doit s’inscrire dans la durée, le public des amateurs d’art ancien restant réticent.

Un nouveau public

Christophe Person, qui présentait l’exposition « Surréalités africaines » [voir ill.], a franchi le pas après une première participation dans le secteur « Showcase ». « J’ai constaté qu’il existe une porosité entre les profils de collectionneurs, c’est pourquoi nous avons proposé une exposition de nature à piquer leur curiosité autour de l’animisme, de la spiritualité, de la forme et de l’essence des choses. Tsham, Abou Traoré, Mouss Black et Thiémoko Claude Diarra ont rencontré un nouveau public. »

L’édition 2025 apparaît donc comme un cru de nature à rassurer les marchands après une période d’attentisme. Si les arts premiers demeurent le socle qui fait l’identité du Parcours des mondes, la multiplication des dialogues avec le contemporain dessine une tendance de fond. Reste à savoir si cette ouverture transformera durablement le profil des collectionneurs ou si elle restera une cohabitation ponctuelle.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°661 du 19 septembre 2025, avec le titre suivant : Parcours des mondes, le contemporain se fortifie

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