Royaume-Uni

Masterpiece s’internationalise

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 2014 - 748 mots

Il aura fallu cinq ans à peine à la foire des antiquaires anglaise pour intégrer le circuit des grandes manifestations.

LONDRES - « L’an passé à Bâle, lorsque j’annonçais que j’allais à Londres pour le salon Masterpiece, les gens me répondaient qu’ils ignoraient tout de cet événement. Mais cette année, les gens connaissent ! », relevait Aurélie Julien, directrice associée de la Carpenters Workshop Gallery (Londres, Paris), lors de cette édition de Masterpiece, qui réunissait du 26 au 30 juin 155 exposants au Royal Hospital Chelsea à Londres. « Dans leurs parcours des foires, les collectionneurs intègrent désormais Londres à cette période de l’année, après Bâle », ajoutait-elle.

« Nous devons faire cette foire en tant que galerie anglaise, car Masterpiece est le point d’orgue des événements de l’été à Londres », notait de son côté la galerie Philip Mould (Londres). Si cet avis était partagé par les exposants « à demeure », les participants étrangers étaient à Londres parce que la clientèle qu’ils y trouvent ne vient pas à Paris. Tel était l’avis Patrick Mestdagh, spécialisé en art tribal (Bruxelles) : « Cette foire est beaucoup plus internationale que Brafa (Bruxelles) et il y a une possibilité de rencontrer de nouveaux clients, bien plus qu’à Paris. 80 % de notre chiffre d’affaires se fait avec de nouveaux clients. C’est notre motivation première lorsque nous participons à des foires à l’étranger. » Frank Laverdin, président de la galerie Dumonteil (New York), renchérissait : « Masterpiece est un débouché naturel sur les clients d’Europe du Nord, du Golfe, d’Asie du Sud et du Pacifique, que l’on ne voit pas à Paris. »

« Un petit Maastricht à l’anglaise »
La foire est toujours aussi luxueuse et, de l’avis général, très bien organisée, sur le modèle de Tefaf à Maastricht. « Masterpiece est un petit Maastricht à l’anglaise ! », commentait Willy Huybrechts (Paris). « Je fais le tour des foires et je peux vous affirmer que c’est une foire de qualité », lançait un connaisseur du marché. Pour preuve, de nombreux points rouges décoraient les cartels et les marchands confiaient avoir bien vendu dès le vernissage. « C’est un bon moment pour vendre. La stabilité politique est propice à la vente », indiquait la galerie Martin du Louvre (Paris).
Les différentes spécialités sont plutôt bien représentées au sein de ce salon très éclectique, qui comprend beaucoup d’art moderne et contemporain, de bijoux et d’objets d’art, un peu moins de peinture ancienne.

Il ne fallait pas manquer, parmi les objets d’art ancien, un buste de Jules César en bronze, de l’atelier de Pier Jacopo Alari-Bonacolsi, dit « l’Antico », Mantoue (Italie), vers 1500, chez Mullany (Londres). Dragesco-Cramoisan (Paris) n’exposait que des pièces de belle provenance, dont une pendule en pâte tendre de Sèvres (1761), probablement de la collection de Madame Pompadour (le seul autre modèle connu est conservé au Louvre), ainsi que le service à café en porcelaine de Sèvres de Madame du Barry, son service à dessert étant à Versailles.

Chez Philip Mould était rapidement vendu un délicat portrait miniature d’homme, rare puisqu’en forme de cœur, par Peter Oliver (1713-1791). Le mobilier ancien n’était pas en reste, notamment les meubles français. Chez Frank Partridge (Londres) figurait un petit bureau d’époque Louis XVI, estampillé « Montigny » (200 000 euros), et une commode de Benneman en laque, d’époque Louis XVI, provenant du duc de Lévis-Mirepoix (350 000 euros). La galerie Steinitz (Paris) mettait en avant une armoire basse inédite de Martin Carlin, d’époque Louis XVI, incluse dans son inventaire après décès établi par Leleu.

Du côté de l’art moderne et contemporain, on pouvait admirer à la galerie Dumonteil (New York, Paris, Shanghaï) des toiles d’Helmut Koller (1954), lequel a fait sensation au Pavillon des arts et du design en mars à Paris, des œuvres en bronze dont un cheval et un orang-outan de Georges-Lucien Guyot (1885-1973) et des réalisations de Daniel Daviau (1962).

Dickinson (Londres) proposait Les Belles Réalités (1962), de Magritte, pour 4,4 millions d’euros ainsi que Femme à sa toilette (1895), de Degas, pour 2,5 millions d’euros, alors que Robilant Voena (Milan, Londres) montrait Knives (1981-1982), d’Andy Warhol.

Les arts décoratifs du XXe siècle et le design, étaient représentés notamment par la galerie Willy Huybrechts, qui exposait des créations d’Elizabeth Eyre de Lanux, parmi lesquelles un guéridon en laque Hommage à Brancusi, dont elle était l’élève, tandis que Carpenters Workshop Gallery exposait des œuvres de la série « Smoke » de Maarten Baas, et un cabinet des frères Campana.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°417 du 4 juillet 2014, avec le titre suivant : Masterpiece s’internationalise

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