Espagne - Foire & Salon

FOIRE D’ART VIDÉO

Loop reprend ses quartiers à l’Almanac de Barcelone

Par Julie Goy, correspondante en Espagne · Le Journal des Arts

Le 20 décembre 2022 - 694 mots

BARCELONE / ESPAGNE

Pour sa 20e édition, la foire d’art vidéo est revenue à son concept premier, avec des œuvres déployées dans les chambres de l’hôtel.

Barcelone. Après deux éditions exceptionnellement organisées, en raison de la pandémie, au Musée d’histoire de Catalogne et à La Pedrera-Casa Milà dans des formats plus traditionnels et d’envergure réduite, la foire vidéo Loop a de nouveau invité ses visiteurs à voir 43 films d’artistes projetés par des galeries internationales dans autant de chambres, au sein du luxueux Almanac Hotel de Barcelone, situé à deux pas de la place de Catalogne. Une riche sélection de films, vidéo-performances, animations et vidéos en réalité virtuelle était au programme, du 15 au 17 novembre.

Comme chaque année depuis 2003, les participants ont été sélectionnés par un comité formé de collectionneurs d’art vidéo qui soutiennent la foire, comité présidé par Jean-Conrad Lemaître et composé d’Isabelle Lemaître, Haro Cumbusyan, Renée Drake et Josée et Marc Gensollen.

Loop, qui s’est à nouveau affirmée comme le rendez-vous des passionnés de vidéos d’art, s’est déroulée à la même période qu’un festival visant un public plus large d’amateurs. Pendant deux semaines, les musées barcelonais ont proposé des expositions, performances, tables rondes et visites guidées ouvertes au public, tous événements mettant la vidéo à l’honneur.

La foire est aussi parvenue à reconstituer ses rangs, accueillant cette année 44 galeries contre seulement 27 en 2021 du fait de la pandémie. Sur ces 44 galeries, onze étaient françaises, soit un quart des participantes : une tendance qui se répète chaque année, du fait notamment d’un comité très français. Au total, 84 % des galeries (37) étaient européennes, avec seulement cinq galeries espagnoles invitées.

Les prix des œuvres étaient raisonnables, allant de 2 500 à 60 000 euros, une fourchette en baisse par rapport à l’année précédente avec des prix oscillant entre 4 000 et 230 000 euros en 2021. Le prix moyen pour cette année était d’ailleurs de 16 000 euros, soit moitié moindre que celui de 2021 qui s’élevait à 32 750 euros.

Du film à l’immersion en réalité virtuelle

Les vidéos exposées étaient remarquables dans leur diversité, de forme comme de contenu. L’immersion en réalité virtuelle proposée par le Russe Nikita Shokhov (Osnova Gallery, Moscou) était particulièrement maîtrisée, quand le film à résonance écologique Dunking Island de Capucine Vever (Galerie Éric Mouchet, Paris) offrait un hommage poétique aux océans. Plusieurs œuvres ont été saluées pour leur qualité, notamment l’Hommage à George Segal de l’artiste brésilienne Lenora de Barros, photo-performance réalisée en 1975 et transformée en vidéo-performance dix ans plus tard, présentée par la galerie viennoise Georg Kargl Fine Arts. Le film Cut from Liquid to Snake de Leslie Thornton (Rodeo Gallery, Londres, Le Pirée) a pour sa part remporté le Loop Fair Award, un prix qui récompense l’œuvre la mieux présentée.

Une vidéo de Younès Ben Slimane entre au Macba

Parmi les œuvres d’artistes confirmés, le film Roger le Rat (2020), du photographe Roger Ballen (Galerie Senda, Barcelone), construit un univers mystérieux et dérangeant en noir et blanc. L’artiste numérique Sabrina Ratté, qui avait bénéficié d’une grande exposition à la Gaîté-Lyrique à Paris en 2018, a présenté sa série des « Floralia » (2021), ode futuriste à la beauté et à la fragilité (Galerie Charlot, Paris). Certains artistes avaient également participé récemment à d’importants événements internationaux, à l’exemple de Sigurdur Gudjónsson (Berg Contemporary, Reykjavik) et Marianna Simnett (Société Berlin) présents à la Biennale de Venise et Annika Kahrs (Produzentengalerie Hamburg) à la Biennale de Lyon.

De jeunes artistes ont aussi été mis à l’honneur, ainsi de la Polonaise Marta Skoczen qui présentait avec la galerie Dohyang Lee (Séoul, Paris) sa Maison sans clé, accompagnée de croquis préparatoires expliquant son cheminement artistique. L’œuvre a remporté le Loop Fair Award et rejoint ainsi la collection Loop, prêtée au Macba (Musée d’art contemporain de Barcelone). Tandis que Younès Ben Slimane s’est fait remarquer à la galerie Le Violon Bleu à Sidi Bou Said (en partenariat avec Blue Wind Projects, Tunis), grâce à son film We knew how beautiful they were, these islands (2022) qui a remporté l’Acquisition Prize du Macba et qui rejoindra, de fait, les collections du musée.

Roger Ballen's, Roger the Rat  (2020)

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°601 du 16 décembre 2022, avec le titre suivant : Loop reprend ses quartiers à l’Almanac de Barcelone

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