Ventes aux enchères

Les arts d’Asie déferlent sur Paris

Christie’s et Sotheby’s offrent de belles ventes inaugurales marquées par la collection Huguette

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 22 novembre 2002 - 678 mots

PARIS

Sotheby’s démarre en grande pompe sa première saison d’art asiatique en France, le 27 novembre, avec un ensemble hors pair d’estampes japonaises, la magnifique collection personnelle de la marchande parisienne Huguette Berès. Le somptueux catalogue de la vente se présente comme un recueil de chefs-d’œuvre.

PARIS - La première vente d’art d’Asie de Sotheby’s à Paris est un événement d’envergure. La dispersion de la collection Huguette Berès est la plus importante vente d’estampes japonaises jamais organisée depuis celle de la collection Henri Vever, menée également par Sotheby’s en deux temps, en 1974 et 1997 à Londres. Huguette Berès est une grande dame du marché de l’art international. En 1952, elle ouvre sa galerie d’art au 25, quai Voltaire à Paris. Les estampes japonaises deviennent sa spécialité. Une première exposition en 1953 intitulée “Portraits d’acteurs” est très appréciée des collectionneurs. Les monographies qui suivirent,  de Hiroshige en 1955, de Hokusaï en 1958, d’Utamaro en 1956 et 1976 jusqu’à l’exposition sur les portraits d’acteurs de Sharaku, en 1980, ne démentent pas son talent de galeriste. Parallèlement à cette activité, elle réunit à titre personnel un fabuleux ensemble d’estampes, de dessins et de livres illustrés japonais, une des plus importantes collections privées européennes. Cet ensemble très homogène, célèbre au Japon où un volume entier d’une série d’ouvrages sur les musées importants et collections particulières d’estampes lui a été consacré, réunit de très belles planches de l’art ukiyo-e, littéralement “image du monde flottant”, entendez “éphémère”. Beaucoup des ces œuvres sont le travail des plus grands maîtres de l’ukiyo-e, à commencer par Harunobu qui, dès 1765, a donné toute sa dimension à la technique de l’impression polychrome. Utamaro, Sharaku et Hokusaï, actifs à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, comptent aussi parmi les artistes les plus recherchés. Hiroshige, un des meilleurs représentants du paysage japonais, et Toyokuni, Eisho, Shunei et Choki, excellents dans l’art du portrait, complètent cette liste de célébrités. La vente comprend cent cinquante estampes, une trentaine de dessins et une quarantaine de livres et albums illustrés gravés sur bois. Afin de pérenniser cette exceptionnelle collection avant son démembrement, un cachet “HB”, aux initiales de la collectionneuse, a été apposé sur chaque lot. Signe distinctif d’un certain goût culturel et marque de la recherche de la grâce et de l’élégance artistique qui a prévalu dans les choix d’Huguette Berès, il devrait faire office de pedigree et donc faire valoir, pour tout respectable collectionneur acquéreur, une plus-value financière.

Parmi les plus importants lots proposés, la rare série complète des trente-six vues du mont Fuji par Hokusaï, dont l’épreuve de La Vague, universellement connue, est le clou de la vente. Les trente-six estampes, plus dix vues supplémentaires, sont offertes pour la première fois en vente publique en un seul lot sur une estimation de 1,4-1,8 millions d’euros. Plusieurs portraits de courtisanes sont à retenir, telle la plus remarquable des estampes d’Utamaro, Mono Omou Koi – L’Amour pensif, vers 1790. Cette image, symbolique au Japon, est estimée autour de 300 000 euros. De nombreux exemples de portraits d’acteurs du théâtre kabuki signés Kunimasa, Utamaro, Toyokuni et plus rarement Sharaku retiennent également l’attention. De ce dernier notamment, une superbe épreuve de Sakata Hangoro III dans le rôle de Fujikawa Mizuemon devrait au moins atteindre 140 000 euros, son estimation basse.

Signalons enfin que, sans la détermination d’Anisabelle Berès, co-héritière de la collection et fille d’Huguette, cette vente parisienne d’estampes japonaises, la première du genre pour Sotheby’s sur le sol français, aurait eu lieu, selon les conseils de l’auctioneer, à New York, où se trouvent un très grand nombre d’amateurs. “Ma mère était une marchande française, il est donc normal que sa collection soit vendue en France”, s’explique Anisabelle Berès. Et, vu l’importance de l’événement, on ne peut douter de son succès mondial.

COLLECTION HUGUETTE BERÈS, ESTAMPES, DESSINS ET LIVRES ILLUSTRES JAPONAIS, vente le 27 novembre, Sotheby’s France, galerie Charpentier, 76 rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris tél. 01 53 05 53 05. www.sothebys.com Expositions les 22, 25 et 26 novembre 10h-18h, le 23 nov. 12h-18h et le 24 nov. 14h30-18h.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Les arts d’Asie déferlent sur Paris

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