Galerie

L’effroyable collection de Luc Bellier

Par Alexia Lanta Maestrati · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2019 - 325 mots

PARIS

Le marchand se défait d’une trentaine d’œuvres de sa collection de toutes époques et styles confondus constituée sur le thème de la peur.

Vincent Desiderio, Study for a hero’s life (détail)
Vincent Desiderio, Study for a hero’s life (détail), 1989, huile et technique mixte sur papier, 190,5 x 201 cm
Courtesy Galerie Prisme / Luc Bellier

Paris. À Saint-Germain-des-Prés, rue de Grenelle, la galerie Prisme fondée en 2017 par Pierre Lorquin, le fils du propriétaire du Musée Maillol, est une « galerie de galerie », qui accueille pour chaque exposition des marchands. Le jeune galeriste s’est associé au collectionneur et marchand Luc Bellier pour cette fois proposer à la vente une partie de sa collection. « La peur, je la ressens, c’est quelque chose qui m’est propre, je ne suis pas le seul à la ressentir, je suis un de ceux qui l’a le plus éprouvée », explique Luc Bellier, qui a commencé à collectionner des œuvres inspirée par ce sentiment dans les années 1980.

Mélangeant les époques moderne, classique et contemporain, l’exposition « Cape Fear » est audacieuse. « Ce ne sont pas les fleurs de Warhol », s’amuse à dire le marchand pour qui ses achats reposent d’abord sur l’instinct, tel que le dessin de 1921 d’Otto Dix (220 000 euros), artiste que l’on voit peu sur le marché, où l’Allemand se met en scène, l’air sévère, entouré de prostitués, de squelettes et d’éléments de la ville, cette métropole étouffante rappelant celle du cinéaste Fritz Lang.

Vincent Desiderio, Study for a hero’s life
Vincent Desiderio, Study for a hero’s life (détail), 1989, huile et technique mixte sur papier, 190,5 x 201 cm
Courtesy Galerie Prisme / Luc Bellier

Véritable cabinet de curiosité de la peur, ce sentiment « propre du vivant » y est décliné sous plusieurs formes : de l’effroi avec la grande toile de Vincent Desiderio [illustration], toute première acquisition, montrant une scène caravagesque d’un homme sur le point d’être immolé ; ou de la stupeur dans le regard d’un autoportrait de Rembrandt (une petite gravure, 40 000 €). Ce sont également des thèmes partagés à travers les époques, comme la peur de mourir, qui se retrouvent dans les vanités présentées à l’instar du médaillon en argent Vanitas Medal de Jan de Vos ou dans la vidéo de l’artiste contemporain Paul Pfeiffer, Goethe’s Message to the New Negroes #1 (70 000 €), véritable course contre la mort.

Cape Fear,
du 20 novembre 2018 au 12 janvier 2019, Prisme, 39, rue de Grenelle, 75007 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°514 du 4 janvier 2019, avec le titre suivant : L’effroyable collection de Luc Bellier

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