Paris

Le Slam, deux salons, deux marchés

Transactions honorables dans la section livres, ternes du côté des dessins et estampes

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 11 mai 2011 - 573 mots

PARIS - Il est des salons qui se bonifient lentement mais sûrement. C’est le cas du Salon du livre ancien, du dessin et de l’estampe (Slam), organisé du 29 avril au 1er mai à Paris. Non que les arômes se soient enrichis tout particulièrement cette année. Mais, par petites touches, l’événement se professionnalise et s’homogénéise.

Les couleurs du noir et du rouge adoptées cette année par les stands de prestige ont d’un coup injecté une dose d’élégance dans un monde habituellement rétif à toute pompe. Le salon reste toutefois le fief des amateurs non de faste mais de pépites. Et il n’en manquait pas dans les allées, venus admirer des dessins d’Orson Welles chez Frédéric Castaing (Paris), ou un exemplaire du Prêtre marié de Barbey d’Aurevilly dédicacé à Joris-Karl Huysmans. Révérence d’un maître symboliste à un autre, alors qu’à quelques pas, au Grand Palais, se tient l’exposition Odilon Redon.
Sans être électrique, le commerce fut honorable. Laurent Coulet (Paris) a très bien travaillé, en vendant notamment un exemplaire des Essais de Montaigne. Jean-Baptiste de Proyart (Paris) a doublé son chiffre d’affaires de l’année précédente, tandis que la librairie Les Neuf Muses (Paris) a cédé l’essentiel des ouvrages apportés sur le thème du « politiquement correct ». Le château de Versailles lui a aussi acheté des plans de l’architecte Nepveu. « On va faire le salon désormais tous les ans. On y voit des gens nouveaux et d’autres qu’on ne voyait pas depuis longtemps », souligne Ariane Bergeron, de la galerie Les Enluminures (Paris). Mais surtout, le salon a permis à nombre de marchands de se réapprovisionner. « C’est un très bon endroit pour acheter, car la France est encore le pays où il y a le plus de marchandises. J’y achète l’essentiel de mon inventaire », déclare Jörn Günther (Stalden). 

Mixité recherchée
Face à l’homogénéité du secteur livres, la section dédiée aux estampes et aux dessins était assez inégale. On passait ainsi sans transition des stands raffinés de Chantal Kiener (Paris), Tanakaya (Paris) ou Helmut H. Rumbler (Francfort-sur-le-Main), et de l’audace d’Urdla (Villeurbanne) montrant des estampes de Jérôme Zonder, aux choix criards de Bellinzona (Milan) et aux panneaux de laque argentée gravés de Joseph Hecht, véritables intrus présentés par Le Tout Venant Prints (Nivelle, Belgique). « Je veux garder le côté mélangé pour qu’il y en ait pour tout le monde, défend Mireille Romand, présidente de la Chambre syndicale de l’estampe, du dessin et du tableau. Je ne veux pas être un dictateur, on peut agir sur la déontologie mais pas sur l’esthétique. Si on veut renouveler le public, cela passe par la mixité. Si on ne présentait que des Dürer, on se décapiterait. »
Les affaires furent dans l’ensemble mitigées. La galerie Terrades (Paris) a certes vendu une vingtaine de pièces, dont une gravure de Chrétien Bernhard Rode emportée par le cabinet des estampes du Rijksmuseum d’Amsterdam. « Ce n’est pas la meilleure foire qu’on ait connue, confiait pour sa part Brigitta Laube de la galerie August Laube (Zurich). On ressent beaucoup plus la crise cette année. » L’essai fut moyennement concluant pour Thessa Herold (Paris), laquelle a vendu à ses propres clients. En revanche, Patrick Lancz (Bruxelles) a couvert ses frais en négociant des œuvres à des prix situés entre 500 et 5 000 euros. Tout en reconnaissant le grand potentiel de l’événement, ce dernier réclame un vetting [contrôle] plus sévère. On le voit, le salon reste un work in progress. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°347 du 13 mai 2011, avec le titre suivant : Le Slam, deux salons, deux marchés

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