Le mobilier français bénéficie d’une forte embellie (part II)

La collection Riahi dépasse les 40 millions de dollars

Le Journal des Arts

Le 17 novembre 2000 - 686 mots

Organisée par Christie’s, la vente de mobilier français appartenant à Djahanguir Riahi, homme d’affaires iranien installé à Paris, a généré des prix incroyables, un produit de quelque 40,3 millions de dollars (307,3 millions de francs) – soit 25 millions de dollars de mieux que l’estimation : un nouveau record mondial pour une vente de mobilier et d’objets d’art français cédés par un unique propriétaire.

NEW YORK (de notre correspondante) - Les motifs de la dispersion de cette collection restent mystérieux : Djahanguir Riahi a annoncé publiquement qu’il avait décidé de vendre ses biens afin de couvrir une dette contractée auprès de Christie’s. De fait, les 59 lots étaient proposés sans prix de réserve. Malgré un public peu nombreux – moins de 100 personnes – pratiquement tous les grands marchands parisiens étaient présents, depuis Hervé Aaron et Bernard Steinitz jusqu’à Dominique Chevalier, mais les enchères par téléphone ont dominé la vente. Des 10 lots les plus importants, quatre ont été adjugés à des collectionneurs privés américains et quatre autres à des Européens. Dans l’ensemble, les acheteurs étaient principalement européens (56 %), américains (38 %), asiatiques (3 %) et latino-américains (3 %).

Le mobilier français, Louis XIV et Louis XV, est depuis longtemps, prisé des décorateurs de Park Avenue : “Il y a cinq ans, on comptait 50 collectionneurs qui dépensaient chaque année 500 000 dollars ; aujourd’hui, ils sont 100”, a constaté Hervé Aaron. Une paire de candélabres Louis XVI en chrysocale et une pendule ont été achetées respectivement 58 000 dollars (447 000 francs) et 94 000 dollars (716 000 francs) par un collectionneur de pièces d’horlogerie de Manhattan. Les réjouissances ont réellement commencé lorsqu’un pot-pourri Louis XV, constitué d’un vase chinois noir et or, avec une monture en chrysocale, s’est envolé à 1,5 million de dollars (11,7 millions de francs) contre une estimation de 300 000-500 000 dollars.

Un enchérisseur anonyme dépense 13 millions de dollars
Un enchérisseur par téléphone, qui serait new-yorkais, a dépensé la somme colossale de 13 millions de dollars (99,1 millions de francs avec les frais). Il a fait l’acquisition de deux cygnes Louis XV en chrysocale, qui auraient été commandés par Madame de Pompadour (estimés 300 000-500 000 dollars, adjugés 721 000 dollars) et une table à café Louis XV marquetée et rehaussée de chrysocale et de porcelaine de Sèvres (estimée plus d’1 million de dollars, adjugée 2,5 millions de dollars) vendue chez Christie’s Londres à 289 000 dollars en 1973. Cet Américain a également acheté 4,6 millions de dollars une commode Louis XV marquetée avec des montures en chrysocale, qui avait appartenu à la collection du baron Alphonse de Rothschild (estimée plus de 3 millions de dollars). Cette pièce, à la marqueterie éblouissante, avait été vendue l’équivalent de 295 000 dollars par l’étude Tajan en 1981. Le quatrième lot est une table de milieu à la marqueterie Boulle, en ébène, cuivre et étain (estimée plus d’1 million de dollars), partie à 1,6 million de dollars. Par ailleurs, il a fait l’acquisition d’un bureau en ébène et écailles de tortue, orné de montures en chrysocale (estimé 500 000-800 000 dollars) pour 2,5 millions de dollars, soit dix fois le prix qu’il avait obtenu lors d’une autre vente, il y a dix ans.

Le lot vedette de la vente était une table de centre plaquée d’une marqueterie Boulle, en chrysocale, ébène, cuivre, étain, écailles de tortue, corne bleutée et bois (estimée plus de 2 millions de dollars), qui s’est envolée à 5,7 millions de dollars, soit près de 12 fois son prix obtenu en 1984.

Le marchand londonien John Partridge a acheté 325 000 dollars une tapisserie des Gobelins (estimée 150 000-250 000 dollars). Le dernier lot, un tapis de la Savonnerie d’époque Louis XV (estimée plus de 2 millions de dollars) a tenu le public en haleine pour finalement partir au prix époustouflant de 4,4 millions de dollars, établissant un record pour un tapis. “Ce tapis pourra être revendu 10 millions de dollars”, a déclaré le marchand George French. Quelles seront les répercussions de cette vente sur le marché ? “Tout cela implique que les prix vont monter”, répond Hervé Aaron.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°115 du 17 novembre 2000, avec le titre suivant : Le mobilier français bénéficie d’une forte embellie (part II)

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