Arts d’Asie

Le marché est devenu très sélectif

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2014 - 832 mots

Les six ventes d’art asiatique ont dépassé les estimations, mais restent en retrait par rapport à l’an dernier. Les acheteurs commencent à faire le tri.

PARIS - Les maisons de ventes parisiennes qui proposaient des ventes d’arts d’Asie du 9 au 13 décembre dernier se réjouissent de leurs résultats, tous supérieurs à leurs prévisions. Cependant, les ventes ont récolté 12 millions de moins qu’en décembre 2012 et le nombre d’objets invendus est en augmentation. Pour Pierre Ansas, expert en art d’Asie, « cela s’explique par le fait que le marché est très sélectif : trop de lots sont présentés, le marché ne pouvant pas tout absorber. Il était plus porteur il y a trois ans. Désormais, les objets de moyenne qualité ont tendance à baisser de 15 à 20 %. Et puis il manque les objets phares. D’ailleurs, cette année, il n’y a pas eu d’enchère millionnaire ».

Chez Christie’s, la vacation a obtenu un total de 7,3 millions d’euros* (est. 4 à 5,7 millions d’euros). Une sculpture de Guanyin en bronze, dynastie Ming (XVIe-XVIIe), s’est vendue 505 500 euros (est. 100 000 à 150 000 euros), tandis qu’une statue d’Amitayus en bronze doré a été achetée 445 500 euros (est. 200 000 à 300 000). Un support de coupe en agate sculptée, probablement de la dynastie Song (960-1279), de la collection Jacques et Galila Hollander, a créé la surprise. Estimé très raisonnablement 3 000 à 4 000 euros, il s’est envolé à 457 500 euros.

Le lendemain, Sotheby’s récoltait 6,9 millions d’euros, (est. 3,5 à 5 millions d’euros). L’enchère la plus forte est allée à un grand rocher en jade céladon et rouille, XVIIIe, adjugé 517 500 euros (est. 100 000 à 150 000 euros). En revanche, l’objet phare, une cloche de temple impériale en bronze doré d’époque Kangxi, estimée 300 000 à 400 00 euros, n’a pas trouvé preneur. Ce type d’objet a peut-être été trop vu sur le marché récemment. Un récipient tripode en bronze (XIIe siècle av. J.-C.) s’est vendu 397 500 euros (est. 50 000 à 70 000 euros) alors qu’un vase en porcelaine à décor rouge de cuivre du XIVe siècle a été adjugé 301 500 euros (est. 80 000 à 120 000 euros).

Chez Tajan, le résultat de la vente s’élève à 1,5 million d’euros frais compris, dépassant l’estimation haute fixée à 800 000 euros. Trois cachets en cristal de roche de l’empereur Qianlong, attendus à 50 000 euros, rejoindront la collection d’un amateur chinois pour la somme de 522 258 euros. Une paire de vases hu portant la marque de l’empereur Qianlong, a été adjugée 69 950 euros (est. 15 000 à 25 000 euros).

Raréfaction des collectionneurs français
La vente d’Artcurial a atteint 3 millions d’euros, doublant son estimation basse. Une statuette de Bodhidharma en corne de rhinocéros du XVIIe siècle, de la collection Jacques et Galila Hollander, a atteint 386 000 euros (est. 200 000 à 300 000). Un vase en jade d’époque Qianlong s’est vendu 522 300 euros (est. 70 000 à 90 000 euros). « Au-delà de certains prix spectaculaires propres à ce marché imprévisible, il y a une participation de plus en plus massive des collectionneurs venus de Hongkong et de Chine continentale alors qu’avant, seuls des intermédiaires installés en France intervenaient sur ce marché », note Isabelle Bresset, commissaire-priseur.

Le 9 décembre Piasa dispersait la 2e et dernière partie de la collection de Strycker de porcelaines chinoises. 2,1 millions d’euros ont été récoltés (est. 700 000 à 900 000 euros). Une coupe ronde d’époque Yuan en laque rouge sculptée d’un couple de paons en vol et un vase couvert de forme double gourde en porcelaine émaillée céladon d’époque Qianlong ont obtenu respectivement 198 810 euros et 124 500 euros.

AuctionArt clôturait la semaine avec un total de 871 464 millions d’euros et un beau prix pour un brûle-parfum en bronze doré et émaux cloisonnés (XIXe) adjugé 223 056 euros (est. 4 000 à 6 000 euros). L’absence d’objets phares, telle la sculpture de Guanyin en bois du XIIIe siècle chez Christie’s en 2012 (9 millions d’euros) ou le vase impérial chinois chez Piasa en 2010 (5,5 millions d’euros) est un phénomène qui risque de s’accentuer. « La France est un grenier qui se vide, d’autant que les objets partent à l’étranger et qu’il n’y a plus de collectionneurs français », s’inquiète Pierre Ansas.

TAJAN, 9 DÉCEMBRE
Résultat : 1,5 million d’€ (FC)
Estimation : 600 000 à 800 000 € (HF)

PIASA, 9 DÉCEMBRE
Résultat : 2,2 millions d’€ (FC)
Estimation : 700 000 à 900 000 € (HF)

ARTCURIAL, 10 DÉCEMBRE
Résultat : 3 millions d’€ (FC)
Estimation : 1,5 à 2 millions d’€ (HF)

CHRISTIE’S, 11 DÉCEMBRE
Résultat : 7,3 millions d’€ (FC)
Estimation : 4 à 5,7 millions d’€ (HF)

SOTHEBY’S, 12 DÉCEMBRE
Résultat : 6,9 millions d’euros (FC)
Estimation : 3,5 à 5 millions d’€ (HF)

AUCTION ART, 13 DÉCEMBRE
Résultat : 871 464 € (FC)
Estimation : 600 000 à 800 000 € (HF)

*Les estimations sont toujours hors frais (HF) et les résultats frais compris (FC).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°404 du 3 janvier 2014, avec le titre suivant : Le marché est devenu très sélectif

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