Foire & Salon

ART BASEL

Le club très sélect des galeries d’Art Basel

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 15 juin 2022 - 848 mots

BÂLE / SUISSE

Venues d’Europe mais aussi d’Afrique, d’Asie, de l’Amérique du Sud et du Nord ou du Moyen-Orient, près de 300 galeries convergent vers Bâle et son édition 2022. Ce sont, dans l’ensemble, les mêmes que les années précédentes.

Le stand de la galerie Hauser & Wirth à Art Basel, au centre : Louise Bourgeois, Spider, 1996, acier, 326,4 x 757 x 706 cm @ Courtesy Art Basel, 2022
Le stand de la galerie Hauser & Wirth à Art Basel, au centre : Louise Bourgeois, Spider, 1996, acier, 326,4 x 757 x 706 cm.
Courtesy Art Basel, 2022

Bâle (Suisse). Afin d’insuffler un semblant de renouveau dans ses allées, et « pour rendre compte du paysage changeant des galeries », le comité de sélection d’Art Basel a assoupli ses règles, notamment en acceptant les candidatures d’enseignes ne disposant pas d’espace d’exposition permanent – c’était déjà le cas lors de sa précédente édition à Miami Beach (Floride). Les dix-neuf galeries qui font leur entrée sur la foire le font sur les secteurs « Feature » et « Statements », à l’exception de Mariane Ibrahim, qui a ouvert à Paris en septembre 2021 après avoir créé son activité à Chicago. On peut voir notamment sur son stand des grands portraits d’Amoako Boafo, devenu en quelques records de vente l’un des peintres africains les plus côtés et regardés.

Les galeries prescriptrices

Pour la OH Gallery (Dakar), il s’agit en revanche d’une introduction au marché international. Elle a choisi de partager ce moment avec l’artiste sénégalais Aliou Diack, auquel elle consacre son stand sur « Statements », où se déploie une installation de plusieurs très hauts panneaux formant une fresque d’un peu plus de onze mètres. Textures des pigments, vibrations des couleurs, motifs primitifs : l’idée est de créer un choc émotionnel.

Deux galeries parisiennes participent pour la première fois à la foire : Ceysson & Bénétière, en pleine expansion avec ses succursales à Lyon, Saint-Étienne, Koerich (Luxembourg) et New York, sera présent sur « Feature » pour présenter différentes facettes du travail de Nancy Graves, que l’on redécouvre plus de trente-cinq ans après sa disparition en 1995. La galerie, plus discrète, d’Édouard Montassut, dont l’espace du 9e arrondissement ne dispose pas de vitrine, fait ses débuts sur « Statements ». Le galeriste vient avec une installation vidéo sculpturale de l’artiste turc Özgür Kar (né en 1992) qu’il promeut avec succès depuis 2017. Pour sa première participation, Clearing (New York, Bruxelles) propose sur « Feature » un solo du jeune artiste américain Hugh Hayden, un ensemble sculpté à la main produit pour l’occasion, mettant en scène une salle de classe comme métaphore de l’inégalité des chances aux États-Unis.

Le secteur principal comprend 234 exposants et il intègre, à défaut de nouveaux arrivants, un peu moins d’une dizaine de galeries qui ont exposé précédemment sur « Feature » ou « Statements » : The Breeder (Athènes), Ben Brown Fine Arts (Londres, Hongkong, Palm Beach), Jenkins Johnson Gallery (New York, San Francisco), JTT (New York), Galerie Max Mayer (Düsseldorf), Labor (Mexico), Vedovi Gallery (Bruxelles), la galerie parisienne Balice Hertling… En 2019, celle-ci avait montré sur « Statements » les peintures de Xinyi Cheng, qui avait remporté le très convoité Baloise Art Prize. Cette fois-ci, Balice Hertling opte pour un panorama de groupe privilégiant la jeune génération, car c’est son point fort de découvrir des talents inconnus qui ne le restent pas longtemps, comme le très jeune peintre Pol Taburet [voir ill.], lauréat 2022 du Reiffers Art Initiatives, ou Alex Ayed, dont une exposition personnelle ouvre au Kunstverein de Fribourg peu avant la foire.

Et les grandes enseignes

À côté de ces galeries prescriptrices, les mastodontes sont bien au rendez-vous. Pour célébrer ses 30 ans, Hauser & Wirth prévoit autour de sa pièce maîtresse, l’araignée d’acier de Louise Bourgeois, une « sélection exceptionnelle de chefs-d’œuvre modernes et contemporains de Philip Guston, Mark Bradford, Avery Singer, Christina Quarles, Eduardo Chillida, George Condo, Frank Bowling, Rashid Johnson, Gerhard Richter, Glenn Ligon, Sophie Taeuber-Arp et Maria Lassnig ». En prenant pour prétexte un survol des différentes pratiques de la peinture, Almine Rech parvient quant à elle à réunir sur son stand les œuvres de près de trente artistes, un Buste de femme au chapeau (1943) de Picasso côtoyant des toiles de George Condo, Tom Wesselmann, Christopher Wool…, mais aussi de Nathaniel Mary Quinn, Claire Tabouret ou Kim Tschang-yeul, peintre coréen connu pour ses représentations de goutte d’eau.

Peut-on encore faire des accrochages qui ne soient pas seulement commerciaux sur les foires, où il s’agit de rentabiliser le mètre carré ? Daniel Templon (Paris, Bruxelles) revendique un stand placé sous le thème du « Political Pop » dans une mise en regard de deux générations. D’un côté, Jim Dine, Edward et Nancy Kienholz, George Segal, de l’autre Omar Ba, Robin Kid et Billie Zangewa, représentatifs d’un « monde globalisé » et ayant en commun un langage visuel très direct au service d’une « subtile critique sociale ».

Au nom de ce dialogue entre artistes historiques et talents émergents, modernes et contemporains, la foire se doit d’aligner quelques chefs-d’œuvre du XXe siècle. On en voit notamment chez Tornabuoni Art, qui, à côté des œuvres de Lucio Fontana et d’Alighiero Boetti, fait un focus particulier sur Emilio Isgrò, pionnier de la « cancellatura » (« effacement »). Dominé par les couleurs éclatantes d’Un grand oiseau surplombant la ville (1951) de Karel Appel, une huile sur toile longtemps restée dans la collection personnelle de l’artiste, le stand d’Applicat-Prazan (Paris) est, selon Franck Prazan lui-même, l’un des plus beaux qu’il ait eu l’occasion de composer. Toujours un peu les mêmes donc, mais sous leur meilleur jour.

La section Unlimited d’Art Basel: Leonardo Drew, Number 341, 2022, galerie Lelong (g.) ; Basim Magdy, An Apology to a Love Story that Crashed into a Whale, 2016, Gypsum Gallery (d.) © Art Basel
La section Unlimited d’Art Basel : Leonardo Drew, Number 341, 2022, Galerie Lelong (g.), Basim Magdy, An Apology to a Love Story that Crashed into a Whale, 2016, Gypsum Gallery (d.)
© Art Basel

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°591 du 10 juin 2022, avec le titre suivant : Le club très sélect des galeries d’art Basel

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