Foire & Salon

L’audace retrouvée de Drawing Now

Par Alexia Lanta Maestrati · L'ŒIL

Le 26 février 2020 - 641 mots

PARIS

Cette 14e édition du salon du dessin contemporain renforce cette année son identité de défricheuse.

Fondée en 2007 et dirigée par le tandem mère et fille Christine Phal et Carine Tissot, Drawing Now est une des pionnières parmi les foires de dessin contemporain, couvrant les cinquante dernières années. La manifestation est devenue un rendez-vous incontournable du marché de l’art, drainant dans son sillage la Semaine du dessin à Paris et, plus largement, un Mois du dessin en France (du 15 février au 30 mars), dont la foire est à l’initiative. C’est d’ailleurs l’une des progressions marquantes de cette année, puisque quarante institutions nationales rejoignent l’événement, contre onze lieux exclusivement parisiens en 2018.

Cœur du réacteur, Drawing Now, qui ouvre ses portes au Carreau du Temple du 26 au 29 mars, rassemble soixante-quatorze galeries, soit deux de plus qu’en 2019. Cette année, le salon consolide un peu plus sa fibre découverte : « Ces quatre dernières années, le marché global avait besoin de se rassurer, et cela se ressentait dans la sélection d’artistes, plus établis et plus âgés. Cette année, il y a une dynamique autour d’une nouvelle génération d’artistes, les galeries osent plus. Nous retrouvons la même audace que lors de la fondation du salon », remarque avec enthousiasme Carine Tissot.

Des partis pris forts

Le versant intime du dessin pousse la scénographie à être particulièrement soignée. C’est la règle, chaque enseigne du secteur général consacre au moins 30 % de son stand à un focus sur un artiste de son choix. S’ajoute le secteur Insight entièrement dédié aux présentations personnelles ou au dialogue entre deux artistes. Au nombre des accrochages à ne pas manquer, Julien Tiberi, sur les cimaises de la Galerie Semiose, raconte en noir et blanc l’histoire imaginaire d’une troupe de théâtre. Façon journalisme gonzo, il propose une traversée onirique échevelée, où les planches de dessins se répondent et où les personnages entrent et sortent de scène. Un peu plus loin, la jeune artiste mongole Odonchimeg Davaadorj (Backslash) raconte une histoire mélancolique, où les murs du stand sont devenus une montagne sous le ciel d’une nuit étoilée. Expérience immersive, ces petits mondes sont peuplés de personnages, d’animaux et de maisons, dont l’influence revendiquée est celle de Louise Bourgeois.

Illustrant ces partis pris éditoriaux risqués dans un environnement commercial, plusieurs artistes s’insèrent dans la thématique de l’image en mouvement et du focus sur le cinéma – également proposé dans l’exposition « Tout un film ! » dont le commissariat a été confié à Joana P.R. Neves, directrice artistique de Drawing Now. L’image en mouvement se retrouve à la Galerie Claire Gastaud qui a donné carte blanche à la Française Delphine Gigoux-Martin. L’artiste explore les lisières de l’œuvre sur papier en déployant son travail en installation et en images animées. On y découvre son bestiaire qui questionne aussi bien l’homme, la nature et l’animalité (entre 500 et 10 000 euros). Passionné de cinéma, Mathieu Dufois travaille l’arrêt sur image et reprend des séquences de films des années 1950 et 1960. Recherchant une sensation de déjà-vu, les œuvres présentent ensemble une narration, et, isolées, explorent le mouvement. La Galerie RocioSantaCruz met l’accent sur l’artiste de la Movida Carlos Sánchez Pérez (Madrid, 1958-2018), en présentant ses peintures que Pedro Almodóvar adapta en film. Le salon peut aussi se targuer d’être international puisque 47 % des galeries sont étrangères (de 15 pays différents), ce qui permet de montrer des « scènes souvent bien identifiées dans leur pays d’origine mais dont la visibilité en France est réduite », souligne Carine Tissot. Ceci n’empêche pas de trouver en arpentant les allées des artistes plus historiques et identifiés du marché national. Ainsi, vous regarderez avec plaisir les œuvres sur papier de Gilles Barbier sur le stand de la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois qui, au travers de ce corpus d’œuvres, dressent « en creux un autoportrait » : celui d’un artiste tout autant imaginatif que cérébral.

« Drawing Now Art Fair »,
Du 26 au 29 mars 2020. Le Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, Paris-3e. De 11 h à 20 h, jusqu’à 19 h le dimanche. Tarifs : 16 et 9 €. www.drawingnowartfair.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°732 du 1 mars 2020, avec le titre suivant : L’audace retrouvée de Drawing Now

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