Galerie

SCULPTURE MÉDIÉVALE

L’art gothique au peigne fin

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 9 avril 2020 - 535 mots

La galerie Sismann inaugurera dès la fin du confinement un cycle d’expositions en se penchant sur une période rarement traitée, le gothique, ce avec des œuvres inédites ou dotées d’une provenance prestigieuse.

Paris. La galerie Sismann, ouverte il y a vingt-cinq ans, est l’une des seules galeries spécialisées dans la sculpture européenne ancienne, du Moyen Âge au baroque en passant par la Renaissance : « un marché de niche, minuscule, qui se resserre », souligne Mathieu Sismann. « Nous avons à cœur de montrer que la sculpture médiévale, ce n’est pas qu’une Vierge à l’Enfant dans une église un peu sombre, mais que c’est un art chatoyant, plein de tendresse », poursuit le galeriste.

Établie d’abord rue de Beaune, la galerie s’est installée en juin 2019 quai Voltaire, toujours dans le 7e arrondissement parisien. Pour fêter ce nouvel espace, elle consacre la première partie d’un nouveau cycle d’expositions à la période gothique. « Nous avons voulu mettre en avant notre force de travail, c’est-à-dire la recherche. Pour l’occasion, nous publions un catalogue rédigé, développé et illustré », indique Mathieu Sismann. Pourquoi commencer ce cycle par le gothique plutôt que l’art roman ? « D’abord par goût, mais aussi parce que les œuvres romanes sont peu nombreuses et moins adaptées à nos clients. C’est un art compliqué, un peu frustre – il faut être initié. Ici, notre thème intéresse tant les spécialistes que les collectionneurs ou les simples curieux. »

Des poses plus naturelles, moins figées

Fruit de plusieurs mois de travail, l’exposition, que nous avons pu visiter avant le confinement, rassemble une cinquantaine d’œuvres, depuis l’art des cathédrales, qui fait référence à la grande sculpture architecturale gothique à partir du XIIe siècle, jusqu’au gothique flamboyant allemand (Spätgotik) et les premières décennies du XVIe siècle. La plupart des pièces sont inédites sur le marché ou proviennent d’anciennes collections prestigieuses, comme celles de Joseph Altounian ou du peintre Jules Louis Rame. Toutes les formes du gothique sont présentes : la sculpture architecturale (têtes de portail, chapiteaux de cloîtres, corbeaux…) ; la grande sculpture monumentale ; ou bien les bas-reliefs issus de retables qui décoraient des autels.

L’art gothique souhaitait transmettre une image apaisée de la religion. Aussi, les représentations de monstres et d’êtres fantastiques laissent place à des sculptures d’hommes plus réalistes, représentés dans des poses plus naturelles, perdant leur aspect figé. Plus de fantaisie et d’aspects narratifs ou anecdotiques interviennent, comme dans cette statue de Saint Eustache au milieu du torrent (XVe siècle) où des enfants se font dévorer par des chiens. « Les sculptures sont raffinées, avec un goût pour l’ornement et les motifs naturalistes », ajoute Manon Lequio, collaboratrice de Gabriela et Mathieu Sismann.

Parmi les œuvres présentées, dont les prix oscillent entre 5 000 et 250 000 euros, on peut admirer une Tête chartraine, en pierre calcaire, région de Chartres, fin du XIIe-début du XIIIe ; un Ange de l’Annonciation en craie, Normandie, premier quart du XVIe ; une Croix processionnelle en cuivre doré et émail cloisonné, Italie, fin du XIVe, ou une Vierge à l’Enfant rattachée à l’oratoire de l’abbaye Saint-Georges de Boscherville, [voir ill., 250 000 €]. La galerie expose aussi La Présentation de Jésus au Temple, un bas-relief en bois polychrome attribué au Maître de Biberach, Souabe, début du XVIe.

Gothique. De l’art des cathédrales au Spätgotik allemand,
fermée pendant le confinement, puis ouverte, date de fin de l’exposition à préciser, Galerie Sismann, 33, quai Voltaire, 75007 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°543 du 10 avril 2020, avec le titre suivant : L’art gothique au peigne fin

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