Ventes aux enchères

SVV Calmels-Cohen

L’après-Breton

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 19 mars 2004 - 767 mots

La SVV parisienne qui a mené tambour battant les ventes Breton et Arp en 2003 se spécialise dans le surréalisme. Prochain rendez-vous le 21 mars.

PARIS - Un an après le raz-de-marée de la vente Breton, la SVV Calmels-Cohen se laisse porter par la vague du surréalisme. Une vente de 154 lots programmée le 21 mars s’inscrit dans cette continuité. Et, comme pour la vente Breton, l’expert Marcel Fleiss accompagne à nouveau cette aventure non sans rechigner à jouer le spécialiste des ventes publiques. « En principe, ce n’est pas mon rôle, estime le marchand de la Galerie 1900-2000 qui assume mal la double casquette de marchand-expert (lire le JdA n° 188, 5 mars 2004). Je l’ai fait pour la première fois pour Breton et j’avais dit que ce serait la dernière. Je remets cela avec plaisir, vu la qualité de la vente ! » Le commissaire-priseur Cyrille Cohen s’en réjouit et projette de reconduire l’événement. « Je compte sur Marcel Fleiss une fois par an et j’espère qu’il tiendra le choc. J’ai bien l’intention de faire du surréalisme un rendez-vous parisien de même niveau que ce qui se fait à Londres avec Sotheby’s et Christie’s. »

Pièce vedette de la vacation, Entre l’herbe et le vent, un paysage vespéral « extraterrestre » de 1934 signé Yves Tanguy et issu de la collection du poète Alain Bosquet (1919-1998), est estimé 600 000 à 800 000 euros, une fourchette de prix relativement élevée. Mais, affirme Marcel Fleiss, « c’est une très belle peinture. De nombreux collectionneurs la convoitent depuis des années ». Outre le Mandala pour Alain, un collage de 1961 de Max Ernst estimé 35 000 euros, les 46 lots de la collection Alain Bosquet offrent beaucoup moins d’intérêt. « Ce sont des cadeaux offerts à Alain Bosquet. Les prix sont attractifs. Aussi y aura-t-il toujours des amateurs qui marcheront au coup de cœur, pour des artistes comme Ljuba ou Serpan. » Sur les deux premiers tiers de la vacation, figurent étonnamment une douzaine de lots de la collection Breton, « des petites choses glissées derrière des meubles ou entre deux piles de linge dans une armoire et que l’on n’avait pas vues », explique le commissaire-priseur. « Sauf peut-être le Portrait d’André Breton (1950) par Toyen (dont une œuvre a enregistré un record mondial dans la vente Breton), un grand oubli estimé 8 000 euros », note l’expert.

Trouille, artiste rare
De la même artiste mais d’autres provenances, deux dessins érotiques dépasseront probablement la barre de leur estimation de 4 000 euros, « comme l’extraordinaire canne ithyphallique en bois sculpté de Jean Benoît, estimée 5 000 à 10 000 euros ». Mais les plus grosses surprises viendront a priori de deux dessins de Matta estimés 30 000 euros et 40 000 euros, « des inédits des années 1940, jamais vus en vente et qui ont déjà valu [à l’expert]  beaucoup d’appels téléphoniques, notamment des États-Unis ». Et peut-être aussi de Construction (Composition aux revolvers), un très grand tableau de 130 x 162 cm réalisé en 1956 par Óscar Domínguez, estimé 120 000-150 000 euros, et qui n’est pas réapparu sur le marché depuis la vente de l’atelier de l’artiste en 1968. Cette peinture de Domínguez affole pour sa part « toute l’Espagne, aussi bien collectionneurs, marchands et institutions ». Poursuite, un très beau Masson de 1933, estimé 130 000 euros, pourrait aussi faire parler de lui. « Masson était un artiste sous-coté il y a peu. Il est avec Magritte celui qui, proportionnellement, a le plus monté depuis deux ans  », souligne Marcel Fleiss. La cote de Clovis Trouille devrait également sortir renforcée de la vente. Sa Religieuse italienne fumant la cigarette de la vente Breton avait été adjugée au prix record de 240 000 euros au marteau. Trois autres tableaux aujourd’hui proposés entre 30 000 et 80 000 euros, Les Musiciens, Le Grand Poème d’Amiens et surtout La Voyeuse, ont des chances d’attirer l’attention. « Trouille est un artiste rare du cercle des surréalistes, très apprécié par Breton. Il passe en vente un tableau tous les dix ans en moyenne. Car 90 % de la production du peintre appartient encore à la famille qui n’a jamais voulu s’en séparer. Seulement 10 % de ses œuvres sont dans des collections privées. » Des collectionneurs tels que Michel David-Weill, Daniel Filippachi et Jean-Paul Kahn en sont particulièrement amateurs.

SURRÉALISME ET COLLECTION ALAIN BOSQUET

21 mars, Drouot-Richelieu, SVV Calmels-Cohen, tél. 01 47 70 38 89, expert : Marcel Fleiss, tél. 01 43 25 84 20 ; expositions publiques : le 20 mars 11h-18h, le 21 mars 11h-12h, www.calmelscohen.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°189 du 19 mars 2004, avec le titre suivant : L’après-Breton

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