Du 21 au 25 octobre, la 1re édition de Ceramic Art Fair célèbre la céramique mais aussi le verre. Une occasion de prendre le pouls du marché du verre contemporain encore discret, mais en pleine évolution.
Né aux États-Unis dans les années 1960, le mouvement Studio Glass a bouleversé la pratique du verre. Harvey Littleton (1922-2013) et Dominick Labino (1910-1987) ont ouvert la voie à une nouvelle génération d’artistes qui, libérés de l’industrie, s’approprient leurs propres fours. Le verre cesse alors d’être un simple matériau décoratif pour devenir un médium d’expression contemporaine. Lino Tagliapietra à Murano, Stanislav Libensky et Jaroslava Brychtová en Tchécoslovaquie, ou Dale Chihuly aux États-Unis ont donné à ce mouvement une résonance internationale, entre sculpture, installation monumentale et œuvre conceptuelle. Le verre soufflé, coulé, taillé ou sculpté devient support d’abstraction, d’expérimentation et parfois même de narration.
La France n’est pas en reste, même si sa scène reste plus discrète. Après 1950, les verriers français s’émancipent de la tradition des manufactures pour affirmer une vision personnelle – loin des formes historicistes d’un Émile Gallé ou des verreries d’art de la Belle Époque. À l’instar de Michel Bouchard ou Bernard Dejonghe, ils s’éloignent de la production utilitaire pour explorer la transparence, la lumière, la fragilité et la densité du verre. À Biot (06), Jean-Claude Novaro et Claude Morin popularisent le verre soufflé dans les années 1970. Plus tard, Antoine Leperlier ou Yan Zoritchak affirment une démarche plus plastique, faisant dialoguer tradition et recherche formelle.
Le marché du verre contemporain s’est structuré au fil des décennies. Galeries spécialisées, foires et collectionneurs ont joué un rôle dans son essor, tandis qu’en parallèle les institutions culturelles lui ont donné plus de visibilité. Aux États-Unis, le Corning Museum of Glass a imposé le médium sur la scène institutionnelle. En Europe, la Biennale de Venise et l’événement Glasstress ont consacré ses liens avec l’art contemporain. En France, la Biennale internationale du verre à Strasbourg et le Centre du verre de Biot contribuent à lui offrir un rayonnement nouveau.
En France, ce marché est discret mais vivant, abordable, et porté par une scène artistique riche. Il souffre cependant d’un manque de visibilité sur le plan international et d’un cloisonnement entre arts décoratifs, design et art contemporain, mais il bénéficie d’un socle de collectionneurs fidèles, de créateurs talentueux, et d’un soutien institutionnel croissant. C’est un marché à suivre, surtout pour les amateurs de matières et d’expérimentations formelles.
Adjugée 4 940 €
1. Sculpture - Verrier slovaque installé en France depuis les années 1970, Yan Zoritchak (né en 1944) s’est imposé comme une figure essentielle de la création contemporaine en cristal et verre. Il est reconnu pour ses sculptures en cristal jouant de la transparence, de la lumière et des inclusions. Ses pièces, souvent inspirées par le cosmos – il est passionné d’astronomie –, intègrent bulles d’air, poudres métalliques ou oxydes colorés qui évoquent étoiles, galaxies et phénomènes naturels. Alliant virtuosité technique et imaginaire poétique, il a hissé le verre au rang de matériau artistique majeur et a contribué à son rayonnement international.
Vendue chez Giquello, le 14 juin 2024
2. Œuvre D’art - Cette œuvre est à découvrir sur le stand de la galerie Follow 13, à l’occasion de Ceramic Art Fair. Formé dans l’atelier paternel, Jonathan Ausseresse (né en 1994) découvre le verre et maîtrise l’émaillage et la cuisson. Meilleur apprenti de France en 2013, lauréat de l’Institut national des métiers d’art, puis du concours Ateliers d’art de France en 2021, il conjugue technique et créativité. Ses œuvres travaillent les volumes, les couleurs et les transparences, dans une recherche d’équilibre entre matière et lumière. Sa collection Fluence mêle émaillage par saupoudrage et recherche autour d’un verre profond et coloré. Libéré du moule, le matériau exprime ses mouvements figés par la fusion, capturant pour l’éternité flux et ondulations.
Galerie Follow 13, Paris
3. œuvre D’art - Antoine Leperlier (né en 1953) est formé très jeune par son grand-père, François Décorchemont, à la pâte de verre. C’est en famille, cette fois-ci avec son frère, Étienne Leperlier, qu’il commence sa carrière dans les années 1980. Après ses premières expérimentations techniques autour de la pâte de verre – dont il est l’un des grands spécialistes –, il se concentre sur la forme de ses pièces, en créant notamment des variations autour du vase ou de la coupe. Formé en philosophie et arts plastiques, il engage le matériau dans une réflexion sur le temps, la mémoire et la transformation. Reconnu Maître en 1994, il a fait l’objet d’une vaste rétrospective au Musée du verre de Conches-en-Ouche (27) en 2024.
Vendue chez Mirabeau-Mercier, le 22 octobre 2024
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La verrerie contemporaine, l’art de la transparence
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : La verrerie contemporaine, l’art de la transparence





